Dans la vie de Yunice Abbas, il y a le temps qui passe «comme un escargot», celui qui lambine entre des murs gris et s’étire à l’infini. C’est le temps «terrible» de la prison. Et puis, il y a le temps qui file si vite que 24 heures ressemblent à une minute, qu’on en reste presque groggy. C’est le temps à l’extérieur. Pendant des années, Yunice Abbas a fait des allers-retours derrière les barreaux. En tout, il y est resté dix-sept ans et demi. Le problème avec la taule, c’est qu’on s’y «habitue», trouve-t-il. Debout à la barre, l’accusé de 71 ans au crâne chauve et à la chemise pâle, agrippe son bras gauche secoué de tremblements à cause de la maladie de Parkinson.
A fond la caisse, il évoque sa vie sous stroboscope, mi-ombre, mi-lumière, mi-marlou, mi-garagiste. Il est le premier des dix accusés à décliner son curriculum vitæ. «Je regrette ce que j’ai fait, non pas parce que je me suis fait attraper mais parce que derrière tout ça, il y a eu un traumatisme, explique-t-il. Je n’y avais jamais pensé.» Lors de l’instruction, il a reconnu avoir participé au braquage de la vedette de téléréalité américaine Kim