Octogénaire depuis le début de l’année, manifestement affaibli, il ne peut comparaître, estiment ses médecins, qu’une heure par jour, assis sur une chaise dédiée. Mais Claude Guéant a quand même des comptes à rendre une nouvelle fois à la justice de son pays (1). En cause, la revente en 2008 de deux petits tableaux flamands pour 500 000 euros, des marines que sa défunte épouse aurait achetés trois décennies plus tôt plus de dix moins cher (43 000 euros), lui permettant de s’offrir un bel appartement parisien rue Weber, dans le XVIᵉ arrondissement parisien. Un «achat coup de cœur plutôt qu’un investissement», plaide-t-il, même si le coup de cœur en question se révèlera finalement très juteux.
«C’est l’acheteur qui fait le prix, je n’avais rien proposé»
Le deal est tellement fabuleux que l’accusation y voit malice : sa femme de ménage a témoigné ne les avoir jamais vus à son domicile. A la barre, l’ex-grand serviteur de l’Etat rétorque : «C’est une réfugiée cambodgienne, boat people, qui n’est pas dans notre culture, il était difficile de converser avec elle.» L’acheteur de tableaux prodigue reste, lui, nébuleux. «Je ne le connais toujours pas», concède Guéant à la barre. La transaction est passée par un avocat malaisien, Sivajothi Rajendram, que Claude Guéant aurait rencontré quelque temps plus tôt lors d’un raout diplomatique en 2007. Mais l’ambassadrice de Malaisie en France, censée avoir organisé la rencontre, avait quitté ses fonctions un an plus tôt… Et Claude Guéant avoue ignorer l’identité finale du généreux