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Justice

Procès du Trocadéro : «Ce n’est pas moi tout seul qui accuse, c’est tous les mineurs»

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En cette deuxième journée du procès où six Algériens sont accusés de traite d’êtres humains à l’égard de mineurs, Idris, 15 ans, a surgi sur les écrans du tribunal. Seul enfant partie civile à témoigner directement, il est venu raconter les drogues, l’emprise, les vols.
Sur l'esplanade du Trocadéro. (Thomas Samson /AFP)
publié le 10 janvier 2024 à 20h35

Il est apparu tout en noir sur les écrans de la salle d’audience. Avec ses cheveux longs et noirs également, terminés par un chignon. Ils volettent quand il tourne la tête vers son avocate. Jamais, durant près d’une heure, il ne ménage son courage. Idris (tous les prénoms des mineurs ont été modifiés) a 15 ans et il ne calcule pas ses mots. Mercredi 10 janvier, au tribunal correctionnel de Paris, il fait face à six hommes, accusés de traite d’êtres humains à son encontre et à l’égard de seize autres mineurs non accompagnés, pour des faits commis à Paris entre janvier 2021 et juin 2022. Ces hommes, des Algériens, sont suspectés d’avoir poussé ces mineurs dans les psychotropes afin qu’ils commettent des vols. Il est le seul enfant à témoigner directement. Les autres sont représentés par leurs avocats. Il a les bras croisés.

Idris dit qu’il comprend le français, mais il se fait assister par une interprète. Ses réponses retracent son parcours, depuis Oran jusqu’au Trocadéro, là où il ingérait cinq pilules par jour, une combinaison explosive de Lyrica, la «fusée», et de Rivotril, la «madame courage», deux médicaments qui le plonge dans un état second, insensible. «Je suis défoncé, direct», et alors, «je pars voler». Idris vole les passants, les touristes. Quand il ne consomme aucun psychotrope, il assure qu’il s’en sent incapable.

«Oui, c’est vrai, j’étais tapé»

Contrairement à la plupart des autres mineurs, marocains, lui est un Algérien, de Mostaganem, une ville portuaire de l’ouest du pays, avec