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A la barre

Procès d’un commandant de police pour harcèlement moral: «Je ne voulais pas qu’il détruise d’autres personnes»

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Alors chef de la brigade des stups de Rouen, un commandant de police est accusé d’avoir violemment dénigré et isolé son adjointe du reste du service. La procureure a requis deux ans d’emprisonnement avec sursis à l’encontre du capitaine.
L’avocate de la plaignante, Me Mazza, souligne qu’il est «rarissime de voir un officier de police se justifier sur son management au sein de l’institution». (thibaud moritz/pour Libération)
publié le 18 mars 2022 à 11h17

C’est une rare audience qui s’est tenue ce jeudi devant le tribunal correctionnel d’Amiens. A la barre, un commandant de police comparaissait pour des faits de harcèlement moral au sein de l’institution. A l’époque chef de la brigade des stups de Rouen, le capitaine est accusé d’avoir violemment dénigré et isolé son adjointe du reste du service pour la pousser vers la sortie.

Clanisme, ostracisation, loyauté envers le chef… Les logiques propres au harcèlement moral dans la police se sont retrouvées au cœur de cette affaire. Laquelle, avant de se retrouver devant une juridiction, a été «étouffée» par sa hiérarchie, aux yeux de l’accusation et la partie civile.

Consignes court-circuitées

C’est en octobre 2017 que l’ambiance a dégénéré au sein du service. A son retour de congés, l’adjointe du chef de la brigade est brutalement mise à l’écart par ses collègues, alors que rien ne laissait présager une quelconque tension avant son départ. La quadragénaire constate que ses consignes sont systématiquement court-circuitées. Très vite, plus personne ne lui parle dans le service et elle se retrouve totalement isolée dans son bureau, duquel elle n’ose pas sortir.

Aux racines de son mal-être se trouvent, selon l’enquête de l’Inspection générale de la police nationale (IGPN), un «dénigrement répété» de la part de son chef et une «volonté délibérée» de la pousser à quitter l’unité. Celui-ci aurait notamment donné l’instruction aux membres de la brigade de ne plus rendre compte à son adjointe, mais uniquem