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A la barre

Procès d’un féminicide aux assises de Niort : Yunus C. condamné à 30 ans de réclusion criminelle

Violences conjugalesdossier
L’accusé n’a jamais montré un signe d’empathie pendant les trois jours d’audience aux assises de Niort, si ce n’est une mystérieuse phrase d’excuses pour les parties civiles lors de son ultime prise de parole. Il a été condamné à 30 ans de réclusion assortis d’une période de sûreté des deux tiers.
La victime avait porté plainte un mois avant d'être tuée pour des menaces de mort. (Karoll Petit/Hans Lucas. AFP)
publié le 22 janvier 2025 à 16h52
(mis à jour le 22 janvier 2025 à 18h21)

L’accusé n’a pas bronché au moment du verdict. Yunus C., 58 ans, a été condamné ce mercredi 22 janvier à 30 ans de réclusion criminelle assortis d’une période de sûreté des deux tiers au tribunal judiciaire de Niort pour le meurtre de son ex-conjointe Patricia G., le 11 juin 2022. Sur le plan civil, Yunus C. a également été condamné à verser la somme de 30 000 euros à chacune des quatre filles de Patricia G. et 12 000 euros à Jonathan C., gendre de la victime.

L’avocat de la défense, Me Ambroise Garlopeau, a annoncé à Libération que son client avait «l’intention de faire appel». «Mon client trouve cette peine trop lourde», surtout «compte tenu de son âge», a ajouté l’avocat, qui poursuit : «Il est surpris d’avoir été déclaré coupable de cette infraction qu’il a toujours niée.» Au moment de retrouver les geôles du tribunal, Yunus C., souvent dans la provocation voire l’insulte envers la victime depuis lundi, lançait en souriant à son conseil : «T’inquiète même pas !»

«Nous avons peur de devoir revenir pour l’appel»

«Nous sommes soulagées et nous voulons remercier la justice, nous sommes très contentes du travail de nos avocats et des gendarmes», ont réagi les filles de Patricia G. auprès de Libération à l’issue du procès. «Mais nous avons peur de devoir revenir pour l’appel. Nous savons qu’il va le faire, pour nous faire souffrir. Sa peine ne sera pas réduite… En tout cas, nous nous sentons plus en sécurité désormais.» Pour Me Fabien Arakélien, avocat des parties civiles, «cette décision correspond à la réalité de ce dossier, à l’atrocité des faits qui ont été commis. Ça ne va pas faire revenir la victime mais la justice est passée».

Juste avant que la cour et les jurés ne partent délibérer, l’accusé s’était fendu d’un mot pour les parties civiles pouvant être interprété comme des aveux tardifs – «Je regrette pour la famille, je suis désolé». Il ne s’agissait en réalité que d’une tentative maladroite de montrer un peu de compassion à l’égard des proches de la victime.

Témoignages sur la relation conflictuelle entre l’accusé et la victime, fuite du suspect, accusations antérieures de violences et de menaces de mort… Dans ce procès, presque rien n’a jamais laissé la place au doute. L’attitude même de l’accusé, agressif, provocateur et changeant régulièrement de version, même au cours l’audience, a donné l’image d’un homme capable d’aucune émotion si ce n’est la colère. Le ministère public avait requis la réclusion criminelle à perpétuité. De son côté, Me Ambroise Garlopeau, avait plaidé sans grande conviction la relaxe, évoquant l’image du «coupable idéal» de son client, ainsi que des «preuves qui font défaut».

«Ce dossier présente tous les marqueurs des féminicides», expliquait avant l’audience Me Fabien Arakélian. Il l’a répété pendant sa plaidoirie, insistant dans le même temps sur une plainte pour violences et menaces de mort que Patricia G. avait déposée contre Yunus C. un mois avant les faits. L’auxiliaire de vie présentait alors un certificat médical faisant état de trois jours d’ITT et dénonçait des violences physiques, psychologiques, sexuelles, et des menaces de mort. Cette plainte avait été classée sans suite. Pour ce «trou dans la raquette», Me Arakélian a d’ores et déjà annoncé auprès de Libération qu’«il y aura une action en responsabilité de l’Etat».

Mise à jour à 18 h 05, ajout des réactions des avocats et des parties civiles.