Emma n’a pas assisté à un feu d’artifice depuis le 14 juillet 2016. Cette nuit d’été, la vacancière de 23 ans célèbre la fête nationale au milieu d’une foule festive face à la mer. Le bouquet final retombe au large. Il est 22h34. Un terroriste vient de lancer son camion sur la promenade des Anglais : il tue 86 personnes et en blesse 400 autres. Emma se trouve «sur la zone la plus meurtrière». Indemne physiquement, elle ne «se sent pas victime à ce moment-là». Des pleurs mais pas de plainte. Huit ans après, et alors que s’ouvre ce lundi le procès en appel de l’attentat de Nice, la vacancière souhaite se constituer partie civile. Trop tard : les nouvelles démarches judiciaires sont impossibles en appel. Sur les 25 000 personnes qui admiraient le feu d’artifice, près de 10 % sont reconnues parties civiles. Certaines, à l’image d’Emma, sont toujours en quête de reconnaissance.
Le premier procès a «réveillé le traumatisme» d’Emma. «Sur le moment, on a cet instinct de survie, relate-t-elle. On est en état de choc. Tout est un peu flou : on pense qu’en n’ayant rien physiquement, ça va aller. J’ai laissé passer.» Mais les images restent. Les odeurs ressurgissent, les bruits résonnent. Elle entame un suivi psychologique «jusqu’à deux fois par semaine»,