Ils sont arrivés séparément à l’audience, mais silencieux comme un seul homme. Le sénateur (ex-PS) Jean-Noël Guérini et son frère Alexandre ont soigneusement fui les micros pour le premier jour de leur procès en correctionnelle à Marseille. Les deux prévenus, qui ne se parlent plus depuis plusieurs années, ont pourtant dû prendre place côte à côte au premier rang de la plus grande salle du palais Monthyon réquisitionnée pour ce procès hors norme prévu sur un mois, qui s’ouvre enfin après douze ans de procédure.
Douze prévenus au total sont appelés à comparaître pour, entre autres, «trafic d’influence», «favoritisme» ou encore «abus de biens sociaux». Mais c’est vers Alexandre Guérini, personnage central de l’instruction, et son élu de frère, lui-même poursuivi pour «prise illégale d’intérêts», que tous les regards étaient portés en ce premier jour d’audience au cours de laquelle il a surtout été question de passer en revue le casting du procès.
Auparavant, la présidente du tribunal avait prévenu : peine perdue que de vouloir résumer les 58 tomes du dossier d’instruction. En guise de rappel des faits, et pour planter le décor, la magistrate préfère s’appuyer sur la lecture de l’élément déclencheur de toute l’affaire : la lettre anonyme adressée au procureur de la République en février 2009, dénonçant avec moult exemples des agissements douteux impliquant principalement le puissant patron de la fédération socialiste, alors président du conseil général