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Justice

Procès Kardashian : pas de retour en prison pour les «papys braqueurs», la star américaine «satisfaite»

La cour d’assises de Paris a prononcé ce vendredi 23 mai des peines allant jusqu’à trois ans de prison ferme au procès du braquage de Kim Kardashian à Paris en 2016, et estimé qu’aucun d’eux ne devait remettre les pieds en détention.
Kim Kardashian à son arrivée à la cour d'assises de Paris pour témoigner lors du procès, le 13 mai 2025. (Adnan Farzat)
publié le 23 mai 2025 à 8h31
(mis à jour le 23 mai 2025 à 22h08)

Un spectaculaire braquage de superstar américaine en pleine Fashion Week de Paris, et neuf ans après, le verdict. La cour d’assises s’est prononcée ce vendredi 23 mai dans la soirée sur le sort des «papys braqueurs» accusés d’avoir séquestré, ligoté et dépouillé Kim Kardashian de 9 millions d’euros de bijoux dans sa chambre d’hôtel en 2016. Elle les a condamnés à des peines allant jusqu’à huit ans de prison dont trois ferme, pour le cerveau de l’opération Aomar Aït Khedache, qui ne purgera cependant pas sa peine en prison.

La cour a décidé d’une confusion de peine avec une précédente condamnation à cinq ans de prison dans son cas, ce qui signifie qu’il ne retournera pas en détention, comme aucun autre des accusés, tous condamnés à des peines largement inférieures à celles réclamées mercredi par l’accusation. La cour a enfin acquitté deux hommes accusés d’être les «taupes» ayant fourni de précieuses informations sur l’agenda de la reine des influenceuses.

La superstar américaine Kim Kardashian est «satisfaite» du verdict, ont fait savoir ses avocats à l’AFP. «Je suis profondément reconnaissante envers les autorités françaises d’avoir rendu justice dans cette affaire. Ce crime a été l’expérience la plus terrifiante de ma vie», a expliqué la reine des influenceuses dans une déclaration transmise par ses avocats, disant désormais vouloir «tourner la page».

«Je demande pardon. Je regrette beaucoup»

L’accusation avait pourtant requis mercredi dix ans de prison contre les quatre braqueurs présumés. Une peine qui, selon l’avocate générale, prendrait à la fois en compte la «gravité», la «violence» des faits, la «terreur» ressentie par les victimes mais aussi l’âge et l’état de santé de ces accusés. Il ne faut pas se fier aux «rides rassurantes» que l’on voit sur le banc des accusés, avait déclaré Anne-Dominique Merville. Au moment des faits, ce sont «des braqueurs chevronnés du grand banditisme» au casier judiciaire chargé, pas des «pieds nickelés». «La réalité, c’est qu’ils ont monté un coup et qu’ils ont réussi.»

Ce vendredi matin, la cour d’assises de Paris avait donné une dernière fois la parole aux accusés avant de se retirer pour délibérer. Aomar Aït Khedache, 69 ans, sourd et quasiment muet, a noté ces mots sur son cahier, lus par son avocate: «Je demande pardon. Je n’arrive pas à trouver les mots. Je regrette beaucoup.» Il a également demandé «mille pardons» à son fils Harminy, qui avait conduit et récupéré son père et deux complices cette nuit du 2 au 3 octobre 2016.

Lecture d’avocat aussi pour Didier Dubreucq, 69 ans également et hospitalisé : «Jamais au grand jamais je n’ai participé au vol de bijoux», a-t-il écrit, jurant ne pas être le deuxième homme monté dans la chambre de la star pour la séquestrer. Tour à tour, les autres s’étaient levés pour dire une fois encore leur «innocence», ou s’excuser : «J’ai de nouveau que des regrets à vous offrir, je suis désolé, j’assume ce que j’ai fait», a déclaré Yunice Abbas, 71 ans.

«Perpétuité»

Entre mercredi après-midi et jeudi soir, les avocats de la défense se sont succédé à la barre pour regarder les magistrats professionnels et surtout les jurés populaires dans les yeux, et tenter de les convaincre. D’abord d’oublier un instant le côté ultra-médiatique de ce procès. «Je me suis demandé ce que ça vous avait fait d’apprendre que vous étiez tirés au sort pour l’affaire Kim Kardashian», leur a dit l’une d’eux.

Et puis surtout, de leur éviter la prison. La grande majorité des accusés y est déjà passée, pour quelques mois ou quelques années, après leur arrestation plusieurs semaines après cette nuit du 2 au 3 octobre 2016 quand des malfrats cagoulés et armés arrivés à vélo s’étaient introduits dans le discret hôtel de la reine des influenceuses.

Aujourd’hui, plusieurs de ces «papys braqueurs» sont malades. Yunice Abbas, déjà opéré du cœur en détention provisoire, souffre de la maladie de Parkinson. Didier Dubreucq suit une chimiothérapie pour son cancer en marge du procès. Quant au «commanditaire» présumé, Aomar Aït Khedache, il est sourd, quasiment muet, se déplace avec une canne et souffre de diabète. «A cet âge, une condamnation à de la prison ferme, c’est la perpétuité» avait lancé à la cour son avocat Frank Berton. «Je vous demande d’être à la hauteur. Et il n’y a pas que moi qui vous le demande, madame Kardashian vous le demande», avait-il soutenu.

Quand elle était venue témoigner la semaine dernière, la star avait accepté les excuses du vieux bandit. «Je vous pardonne» même si «ça ne change rien au traumatisme», «je crois à la deuxième chance» lui avait dit, émue, celle qui étudiait le droit depuis six ans et a enfin obtenu son diplôme, comme elle l’a annoncé jeudi sur les réseaux sociaux à ses 356 millions de followers.

Cascade de diamants

La foule des grands jours – dont quelque 500 journalistes de tous les pays – était venue au palais de justice pour la voir en chair en et en os. «Hi, I’m Kim Kardashian», s’est-elle présentée à la barre, dans une tenue parfaitement inhabituelle en ces lieux : robe tailleur noire haute couture, à épaulettes, et volants sur les hanches.

Et, sans doute comme un pied de nez à ce qui lui est arrivé, une cascade de diamants des oreilles aux poignets, dont un collier à trois millions de dollars et une bague ressemblant fortement à l’énorme caillou, «the ring», qu’elle exhibait en 2016 sur les réseaux sociaux et que les malfrats lui avaient réclamé d’un fort accent français.

Pendant plus de quatre heures – elle avait fini par enlever discrètement ses talons – elle avait décrit sa «certitude de mourir», d’être «violée» cette nuit-là, ses supplications pour qu’elle puisse revoir ses enfants. Puis elle avait quitté la cour. Et repris le fil de sa vie postée sur Instagram, selfies de luxe devant le Ritz ou en péniche sous la tour Eiffel, entre champagne et fourrures, à mille lieues de ses «papys braqueurs».

Mise à jour à 11 heures avec la dernière prise de parole des accusés.