C’est un monde à la façade lisse, un monde dans lequel les parents s’aiment et les enfants grandissent en ne manquant de rien. Ils sont bien élevés, ils ont des «principes» et «des valeurs». Ils font des études et la fierté de ceux qui les ont mis au monde. Pendant longtemps, ce monde a été celui décrit par les Le Scouarnec. Joseph et Jeanne venaient d’un milieu modeste, ils étaient respectivement ébéniste et concierge, installés dans une loge à Paris. Ils n’ont pas ménagé leurs efforts pour financer des études à leurs trois enfants en même temps que le crédit immobilier.
Quand, Joël, l’aîné, est devenu médecin, c’était «l’élite de la famille». A l’internat, il a tout de suite «flashé», selon ses termes, sur Marie-France, une aide-soignante aux longs cheveux. Un jour de pluie, il lui a prêté son parapluie et ainsi a commencé une histoire d’amour. La première et l’unique de sa vie, aimera-t-il à répéter. Après le mariage en 1974, ils ont eu, à leur tour, trois enfants qui n’ont jamais manqué de rien, qui ont grandi avec des «principes» et «des valeurs», des cours de solfège et de violon, de l’attention, des vacances chaque été à l’île d’Yeu.
Les deux fils de Joël Le Scouarnec – qui se débattent désormais avec un nom comme une enclume – n’ont jamais rien décelé, témoignent-ils (