Toujours deux sans trois ? A l’inverse du banquier franco-djiboutien Wahib Nacer, remis en liberté la semaine dernière, l’intermédiaire franco-algérien Alexandre Djouhri a été maintenu en détention ce mardi 4 novembre après-midi. Avec Nicolas Sarkozy, dont la demande de remise en liberté sera examinée le 10 novembre, c’était l’un des trois condamnés, le 25 septembre, par le tribunal correctionnel de Paris à de la prison ferme – et surtout exécution provisoire, sans même attendre le procès en appel – dans le dossier de l’éventuel financement de la campagne présidentielle 2007 par le régime Kadhafi.
Djouhri, fantasque intermédiaire à tu et à toi aussi bien en politique qu’au sein du CAC 40, tutoyant la terre entière, a peut-être payé là pour l’ensemble de son œuvre, avec une lourde peine de six ans de prison, lui dont le casier judiciaire ne mentionnait qu’une antique condamnation – largement amnistiée – devant le tribunal de police. C’est au prétexte d’un risque de fuite à l’étranger, car ce nomade des affaires a le statut de résident suisse, que la cour d’appel l’a maintenu en détention. Dans la foulée, son avocat Charles de Consigny a dénoncé un «délit de sale gueule» en raison de ses origines algériennes.
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Dans l’affaire libyenne, il lui est reproché son activisme à l’occasion de la vente d’Airbus, où il réclamera sa commission avec l’insistance qu’on lui connaît, du moins dans le microcosme des affaires. Mais surtout une infernale tuyauterie financière – passant successivement par la Libye, l’Arabie Saoudite puis l’Indonésie – permettant à Claude Guéant, moine-soldat de Nicolas Sarkozy, de récupérer 500 000 euros, sous prétexte de la vente présumée de deux vieux tableaux flamands, afin de s’acheter un appartement parisien.
Djouhri fut également très actif en vue de l’exfiltration – en France puis en Afrique du Sud – de l’ancien grand argentier de Kadhafi, Bechir Saleh, à la tête du fonds souverain libyen. Un entregent de tous les diables qu’il va devoir continuer à entretenir à la prison de la Santé.