Menu
Libération
A la barre

Procès Samuel Paty : le récit d’une principale dépassée par l’engrenage fatal

Article réservé aux abonnés
Durant six heures, Audrey F., en poste au collège du Bois-d’Aulne en 2020, a décrit en détail ses tentatives d’endiguer la polémique ayant conduit à la décapitation du professeur d’histoire-géo.
Au palais de justice de Paris, le 4 novembre 2024. (Denis Allard/Libération)
publié le 13 novembre 2024 à 7h47

Elle est le maillon central d’un engrenage qu’elle a tenté d’enrayer, mais qui lui a finalement échappé. A la barre, Audrey F. use d’ailleurs d’une formule qui trahit une implacable fatalité : «Ça va nous mettre dedans…» La première fois, elle l’a employée en découvrant une vidéo publiée sur les réseaux sociaux par Brahim Chnina, le père de famille ayant désigné Samuel Paty à la vindicte, le traitant notamment de «voyou». L’ex-principale du collège du Bois-d’Aulne est alors en week-end en province, samedi 10 octobre 2020, perturbée par un sentiment diffus «et malaisant». Six jours plus tard, le professeur d’histoire-géo de 47 ans sera décapité à la sortie des cours par un terroriste de 18 ans, Abdoullakh Anzorov. La sonnerie des vacances scolaires venait de retentir. Elle dit : «Je n’ai pas su le protéger.»

Ce mardi, Audrey F. a livré un témoignage d’une rectitude rare devant la cour d’assises spécialement composée de Paris. Durant près de six heures, celle qui s’avance en veste et tailleur sombre a détaillé ses tentatives de ramener la paix publique au sein d’un établissement emporté par le mensonge de Z., une élève de quatrième, et le vent mauvais soufflé par deux protagonistes :