Que ressent-on lorsqu’on enfouit sous terre son propre père ? Kilian et David (1) avaient 15 et 16 ans la nuit où ils se sont retrouvés dans un bois de La Clayette, en Saône-et-Loire, pour creuser la tombe de leur géniteur, Daniel Polette. «On avait peur», répondront-ils chacun leur tour à la présidente de la cour d’assises de Chalon-sur-Saône, Céline Therme. Mais peur de quoi ? «Qu’il revienne», dit le premier. «Qu’il se relève et nous tue», abonde le second. C’est leur mère, Valérie Bacot, qui l’a tué, d’une balle de revolver dans la nuque, le 13 mars 2016, quelques heures avant cet enterrement occulte. Daniel Polette a été son beau-père avant de devenir son époux. Pendant près de vingt-cinq ans, elle raconte qu’il l’a violée, battue, tyrannisée, jusqu’à la contraindre à la prostitution. Renvoyée pour «assassinat» devant la cour d’assises, le deuxième jour de son procès s’est ouvert ce mardi avec les témoignages de trois de ses quatre enfants.
«On l’entendait souvent crier de douleur»
Kilian a été le premier à s’exprimer. Une fine barbe bien taillée encadre son visage fin. Il a aujourd’hui 21 ans et est mécanicien automobile. C’est lui qui est c