Médine versus l’extrême droite, nouvel épisode. Nicolas Bay, député européen exclu du Rassemblement national qui a basculé du côté d’Eric Zemmour, a été mis en examen pour diffamation après une plainte du rappeur Médine, a-t-on appris mardi soir. C’est le plaignant qui a lui-même partagé l’information sur ses réseaux sociaux. Contactés par Libération, Médine et Nicolas Bay ont tous deux confirmé la mise en examen, procédure automatique en cas de plainte pour diffamation, du vice-président exécutif de Reconquête dans le cadre de cette affaire.
Au sujet d’un documentaire
Les poursuites judiciaires à l’encontre de Nicolas Bay datent de juin 2021, après des déclarations de l’élu d’extrême droite au sujet d’un documentaire intitulé Médine Normandie, subventionné en partie par la région. Le rappeur havrais appuie sa plainte notamment sur un document de la campagne des régionales, dans lequel Nicolas Bay reprochait à Hervé Morin, président de la région, d’avoir accordé des subventions à «un biopic pour encenser la carrière “artistique” du rappeur havrais Médine. Ce proche de la mouvance islamiste des Frères musulmans [qui] n’avait pas hésité à nommer un de ses albums Jihad».
📹 Un documentaire à la gloire du rappeur islamiste Medine ? Voilà les choix culturels d’Hervé Morin pour la Normandie !
— Nicolas Bay (@NicolasBay_) June 22, 2021
Si vous voulez en finir avec ces compromissions, votez pour la liste que je conduis dimanche 27 juin ! #Normandie2021 pic.twitter.com/kVCOtW4B4H
Une vieille polémique, au sujet de laquelle Médine s’est expliqué à de très nombreuses reprises, regrettant parfois lui-même son style provocateur mais assumant toujours ses propos. Celle-ci revient régulièrement sur le devant de la scène, toujours par des canaux proches de la fachosphère.
Une autre plainte contre Aurore Bergé
Le rappeur, qui vient de sortir un nouvel album, Médine France, dans lequel il regrette notamment que des salles de concert ne le programment plus «sous pression du RN», se dit «content que [sa] plainte aboutisse». «Ce sont des procédures longues mais je suis patient, affirme-t-il à Libé. Je souhaite surtout faire jurisprudence avec ces affaires afin que les artistes, les chercheurs, les associatifs, les sportifs, les journalistes qui sont insultés d’islamistes ou d’islamo-gauchistes puissent à travers mon cas poursuivre en justice tous ceux qui tentent de discréditer et de salir leur travail.»
Une plainte pour diffamation avait aussi été déposée contre la députée LREM Aurore Bergé en février 2021. L’élue avait déclaré que Médine «appelait au meurtre» et qu’il était un «rappeur islamiste». A ce sujet, le Havrais explique ne pas «avoir de nouvelles» mais assure avoir «bon espoir que cela suive la même voie» que la plainte contre Nicolas Bay. Contacté, ce dernier réitère sans hésitation ses propos auprès de Libération. «Je m’attacherai à démontrer sans difficulté lors du procès la réalité de ce que j’ai dit, à savoir que Médine s’est caractérisé par des liens bien réels, publics et qu’il a lui même reconnu avec des associations ou personnalités de la mouvance des Frères musulmans.»