Un groupe de médecins de l’Oise a annoncé mardi 22 avril qu’il comptait porter plainte contre un ancien candidat de Reconquête aux élections législatives anticipées de 2024. Urgences Médecins Oise (UMO), qui assure des consultations médicales sans rendez-vous dans plusieurs villes du département des Hauts-de-France, a été la cible vendredi d’une publication à caractère raciste de la part de Guillaume Bensoussan qui a publié une photo d’une plaque sur laquelle figurent les noms aux consonances étrangères de treize médecins.
La publication sur X du militant d’extrême droite, toujours en ligne à cette heure, est accompagnée d’un message : «Le grand remplacement est une théorie raciste et complotiste d’extrême droite, épisode XXXVIII.» Une antiphrase raciste, ayant pour but de se moquer des personnes argumentant contre la théorie d’extrême droite du «grand remplacement». Censée désigner une supposée substitution de la population française «de souche» par les immigrés extra-européens, cette théorie ne repose sur aucun fondement scientifique et est invalidée, entre autres sources, par les statistiques de l’Insee.
«Derrière nous, il y a une dizaine d’années d’études, de stages, d’externat et internat…»
«On fait l’objet d’une agression infondée», dénonce Haïssam Chaker, fondateur du groupe médical et gérant de l’antenne de Creil, auprès de Libération. Le médecin, qui a été alerté par ses proches rembobine : «On était vraiment abasourdis et choqués» face à une publication «discriminatoire, mensongère et diffamatoire».
Le groupe UMO a pris attache mardi avec le conseil de l’ordre des médecins, dans le but de porter plainte. Contacté, son président dans le département de l’Oise, Philippe Véron, indique à Libé que l’organisme va se porter partie civile et prépare un communiqué en réponse à la publication de Guillaume Bensoussan.
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Parmi la quarantaine de médecins qui composent Urgences Médecins Oise, la majorité «est française et titulaire de diplômes français», argumente le docteur, rappelant au passage que son service est actif «depuis une trentaine d’années». «Derrière nous, il y a une dizaine d’années d’études, de stages, d’externat et internat…» Haïssam Chaker se dit dépassé par l’ampleur «politique» que prend cette affaire. «Urgences Médecins Oise n’est pas du tout politisé», complète le docteur Massinissa Berghout, qui gère l’antenne de Compiègne : «On est médecins avant tout et fiers de notre métier. Urgence Médecins Oise soigne des gens de toutes origines ethniques, sans distinction de religion, de bord politique ou quoi que ce soit.»
Depuis son ouverture, la structure établie à Creil, Beauvais et Compiègne a permis de réaliser «à peu près» 150 000 consultations, selon Haïssam Chaker. «Le territoire est sinistré», déclare-t-il. Avec le manque de professionnels dans la zone, ses confrères se sont installés à Beauvais à la demande d’autres médecins et à Compiègne, à la demande de la mairie.
«Ils sont là pour nous soigner»
Sur X, comme directement auprès des médecins d’UMO, les réactions de soutien affluent «de tous azimuts», note quand même Haïssam Chaker. Mairies, patients et politiques condamnent la publication de l’ancien candidat d’extrême droite. «Honte à vous», écrit par exemple le député Antoine Léaument (LFI) sur le réseau social.
«Ils soignent et ils sauvent des vies. Merci à eux. Vous ciblez et fichez des patronymes. Honte à vous», publie de la même manière la vice-présidente de l’Assemblée nationale, Naïma Moutchou (Horizons). Même des voix de CNews, chaîne du milliardaire d’extrême droite Vincent Bolloré, s’indignent : «Ils sont là pour nous soigner, vous serez bien content de les avoir si vous vous retrouvez à l’hôpital aux urgences !» balance l’avocate et chroniqueuse Sarah Saldmann.
De son côté, le multicondamné pour propos racistes et président du parti Reconquête, Eric Zemmour, dit soutenir «bec et ongles» ses militants, «qui ne se laissent pas intimider par les mensonges des idéologues et les cris d’orfraie des complices de l’islamisation de la France».