Quatre personnes ont été blessées jeudi 17 avril à Rennes après des tirs dans le quartier de Villejean (nord-ouest de la ville), en proie au trafic de drogue. Les trois premières ont été blessées par balle et la quatrième a été renversée par une voiture. Une enquête pour «tentative de meurtre en bande organisée» a été ouverte et quatre personnes ont été placées ce vendredi 18 avril en garde à vue. Dans un communiqué, le parquet de Rennes donne de plus amples éléments sur le déroulement des évènements.
Que s’est-il passé ?
Selon le procureur adjoint de Rennes, «trois fusillades» ont eu lieu jeudi, square de Flandres, cours John Fitzgerald Kennedy et rue du Bourbonnais en fin d’après-midi. Jean-Marie Blin explique que, lors d’une «première séquence», un SUV Peugeot 2008 percute un jeune homme «d’une vingtaine d’années, de nationalité italienne». Le véhicule prend ensuite en chasse plusieurs personnes qui tentent de s’enfuir. «Plusieurs tirs» sont alors entendus par des témoins. Puis, le SUV revient à proximité de la personne renversée et «les occupants du véhicule le [prennent] en photo». Le pronostic vital de cette première victime est actuellement engagé, précise le parquet.
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Dans un deuxième temps, la voiture prend la direction du cours Kennedy. Trois personnes en sortent, équipés «d’une arme longue» et de deux «arme [s] de poing». Elles se dirigent vers un groupe de jeunes «attablés [à la] terrasse» d’un restaurant Subway. Trois membres de ce groupe trouvent refuge à l’intérieur de la sandwicherie avant d’être la cible de plusieurs tirs. Agés «entre 18 et 27 ans» et de nationalité française, ils sont touchés «aux membres inférieurs» et «à l’abdomen», pour l’un d’entre eux. Transférés au CHU de Rennes, tous les trois sont sortis de l’hôpital dans la nuit, indique le procureur adjoint.
Le conseiller municipal d’opposition (Horizons) à Rennes, Charles Compagnon, se trouvait dans la sandwicherie au moment de la fusillade. «Toutes les semaines, on a l’habitude d’aller dans un quartier de Rennes et de [pour y] faire nos rendez-vous», explique à l’AFP l’homme de 52 ans. Attablé à côté de l’entrée, il raconte : «j’ai vu arriver une personne avec une arme de guerre, un long fusil noir. […] on s’est jetés au sol, mon collègue m’a attrapé la veste, et ils ont tiré juste au-dessus de moi, et ils ont touché les trois qui étaient derrière moi». Auprès de nos confrères, il évoque également les trois victimes. Selon l’élu, les adolescents «se sont levés en disant quelque chose comme “C’est pas nous ! on n’a rien à voir !”», avant d’essuyer les tirs.
Les auteurs des coups de feu prennent ensuite la direction de la rue du Bourbonnais, où ils font à nouveau usage de leurs armes. Selon le parquet, «autre victime n’a été identifiée» à cet endroit. Les trois hommes remontent ensuite dans leur véhicule et prennent la fuite vers l’ouest de Rennes. Leur SUV est repéré par les forces de l’ordre quelques heures plus tard.
Où en est l’enquête ?
Rapidement, les gendarmes ont interpellé un homme de 20 ans, de nationalité française. Il a «immédiatement» été placé en garde à vue pour «tentatives de meurtre en bande organisée et association de malfaiteurs en vue de la préparation de crimes». Selon le parquet, le jeune homme est originaire de région parisienne.
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Dans la nuit de jeudi à vendredi, différents services de police et l’antenne locale du RAID, ont perquisitionné un appartement. D’après le parquet de Rennes, il a été identifié comme «un lieu de repli des agresseurs et de domiciliation de l’individu interpellé [celui originaire de la région parisienne, ndlr.]». Trois hommes âgés entre 21 et 23 ans ont, à leur tour, été interpellés. Deux sont de nationalité française et le troisième de nationalité congolaise. Ils ont également été placés en garde à vue pour «tentatives de meurtre en bande organisée et association de malfaiteurs en vue de la préparation de crimes».
Quelles sont les réactions ?
Selon les informations de nos confrères d’Ouest France, une «OPA violente» pour récupérer un point de deal se préparait dans le quartier Kennedy, «haut lieu du trafic de stupéfiants», depuis plusieurs semaines. Dans un message publié ce vendredi après-midi sur X, le ministre de l’Intérieur a qualifié d’«inacceptables» ces fusillades.
Bruno Retailleau a affiché sa volonté de «[mettre] hors d’état de nuire» des «barbares». Et le très droitier ministre de parler de «guerre […] contre le narcotrafic». À ce titre, la CRS 82 a été déployée dans la préfecture d’Ille et vilaine. «J’ai obtenu l’assurance qu’elle reste quelques jours», assurait dès hier la maire de Rennes, Nathalie Appéré. Selon elle, la ville a «besoin de plus de présence policière».
En déplacement ce vendredi sur la dalle Kennedy, le préfet d’Ille-et-Vilaine, Amaury de Saint-Quentin, est venu prôner la «tolérance zéro» et saluer les policiers spécialisés dans le maintien de l’ordre qui ont été envoyés sur place : «J’ai voulu venir ici dès aujourd’hui pour dire toute la fermeté et toute la volonté qui est celle de l’Etat pour mettre fin à ces agissements criminels dont certains quartiers de Rennes sont victimes depuis plusieurs mois».
La dalle Kennedy où a eu lieu la fusillade, située dans le quartier Villejean, a été le théâtre ces derniers mois de plusieurs épisodes de tirs, notamment un en janvier au cours duquel deux hommes avaient été blessés.
Mise à jour : le 18 avril à 17 heures, ajout des déclarations de Charles Compagnon ; à 19 h 35 avec les déclarations du préfet.