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Libération
Violences sexuelles

Prostitution d’adolescentes : treize membres d’un réseau proxénétisme condamnés à Toulouse

Le tribunal correctionnel de Toulouse a déclaré coupables treize des quatorze prévenus. A la tête de cette organisation criminelle, le détenu de 29 ans qui opérait depuis sa prison a écopé de quatorze ans de prison.

Le réseau prostituait des mineures de 14 à 16 ans, placées ou suivies par l’Aide sociale à l'enfance. (Arnaud Le Vu/Hans Lucas. AFP)
Publié le 10/10/2025 à 16h23

Les adolescentes exploitées étaient toutes placées ou suivies par l’Aide sociale à l’enfance (ASE). Ce vendredi 10 octobre, le tribunal correctionnel de Toulouse a condamné 13 membres d’un réseau de prostitution de jeunes filles mineures. Le proxénète en chef a écopé de la plus lourde peine, soit quatorze ans de prison.

Les douze autres membres du réseau, âgés d’une vingtaine d’années, ont été condamnés à des peines allant de deux à six ans d’emprisonnement, en fonction de leur degré d’implication dans le réseau qui prostituait des mineures de 14 à 16 ans, placées ou suivies par l’ASE. L’un des quatorze prévenus a été relaxé.

«Je ne mérite pas vingt ans»

Le principal prévenu, Olivier Habchi Hamadouche, surnommé «Mowgli», avait déjà été condamné dans une autre affaire à vingt-cinq ans de réclusion criminelle pour des faits d’enlèvement et séquestration suivis de mort. Le procureur avait cette fois requis vingt ans contre lui, maximum de la peine encourue devant un tribunal correctionnel en état de récidive. Hamadouche, 29 ans, opérait depuis sa cellule de prison à Béziers.

«Mettez-moi une peine, je la mérite. Mais je ne mérite pas vingt ans», avait lancé plus tôt ce vendredi le détenu, depuis le box des prévenus, lors de sa dernière prise de parole devant le tribunal. Selon les estimations des enquêteurs, l’homme se serait enrichi d’au moins 100 000 euros de juillet 2023 à janvier 2024, période retenue par le tribunal.

«Ces jeunes filles n’ont jamais perdu leur dignité»

«La responsabilité des uns et des autres a été reconnue. C’est une décision un peu du milieu. Car on aurait envie de dire que pour des faits aussi graves, aucune peine n’est suffisante, a estimé Jonathan Bomstain, avocat d’une partie civile. Mais le principal pour ma cliente était que le statut de victime soit reconnu

«Ces jeunes filles n’ont jamais perdu leur dignité. On a fini la première étape. On arrive au bout. Elles sont reconnues victimes et c’était très important qu’elles le soient, pour qu’elles puissent ensuite le comprendre», a pour sa part déclaré Tabatha Merlateau, avocate d’une autre victime.

En 2023, le service statistique ministériel de la sécurité intérieure dénombrait 548 mineurs prostitués, contre 400 en 2020 et 116 en 2016. Fin 2022, une étude réalisée en partenariat avec l’Aide sociale à l’enfance par le docteur Aziz Essadek, maître de conférences en psychologie à l’université de Lorraine, a estimé à 15 000 le nombre de victimes suivies par l’ASE et à 5 000 celles qui sont «sous les radars».