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Libération
Extrême droite

Racisme et antisémitisme : les messages d’une unité de CRS sur WhatsApp révélés par le «Canard enchaîné»

Dans une enquête à paraître mercredi 26 juin, l’hebdomadaire révèle les photomontages racistes et antisémites partagés par l’unité CRS 4 sur leur boucle WhatsApp. Après avoir relaté des dérives à sa hiérarchie, le commandant de cette brigade aurait été évincé.
Un CRS près de l'Opéra-Garnier, à Paris, le 15 décembre 2018. (Zakaria Abdelkafi /AFP)
publié le 25 juin 2024 à 19h52

Au-dessus d’une photo de migrants dont l’embarcation se retourne, le titre «Petit Chavire» et la légende «avec des vrais morceaux de migrants dedans». Sur le photomontage d’un Adolf Hitler sortant de l’Elysée, une citation inventée : «Sortons du nucléaire et repassons tous au gaz.» «Et on vous épargne le pire…» rapporte pourtant le Canard enchaîné dans une enquête sur la compagnie de CRS 4, en kiosques mercredi 26 juin. D’après l’hebdomadaire, racisme et antisémitisme prospéreraient dans cette unité policière, surtout depuis que son commandant (désigné par la seule lettre «L.») en a été évincé pour avoir tenté de rapporter à sa hiérarchie ces dérives fascistes, notamment de la part de son adjoint.

Pas besoin de creuser bien loin : en infiltrant la boucle WhatsApp de la CRS 4, les journalistes du Canard ont récolté une myriade de messages et photomontages particulièrement problématiques. Le plus actif du groupe serait même le second de cette brigade. «Le capitaine L. B. ne cachait pas sa nostalgie du IIIe Reich et son amour pour Jean-Marie Le Pen», écrit le journal, caractérisant ce groupe de «déversoir à la haine raciste et antisémite». La situation est devenue d’autant plus délicate le 15 octobre 2022. Des membres de la CRS 4, chargés de sécuriser un rassemblement d’Eric Zemmour, prennent la pose en compagnie de Marion Maréchal – l’un d’eux aurait même pris des selfies.

Une enquête de l’IGPN aurait bien été ouverte. En revanche, elle ne vise pas cette boucle WhatsApp bien connue de la police des polices, mais le commandant de l’unité qui s’était senti obligé de rappeler à son escadron «les bases de la neutralité républicaine». Il aurait été présenté dans une lettre anonyme comme un «franc-maçon influent» – ce que n’a pas pu prouver le procureur de Meaux…

Le manque de considération de l’IGPN et du ministère de l’Intérieur pour les faits de racisme et d’antisémitisme n’étonne pas le Canard enchaîné : «Pas question, pour la Place Beauvau, de lancer une chasse aux sorcières brunes dans des unités de force mobile qui ont sauvé la macronie au moment des manifs des gilets jaunes et se trouveront en première ligne lors des JO.» Depuis que le commandant L. a été «mis sur la touche», plusieurs plaintes auraient été déposées par des policiers antillais ou d’origine étrangère, «victimes d’un déchaînement raciste», poursuit l’hebdomadaire. Le grand gagnant dans cette affaire reste le capitaine L. B., affecté à une autre unité… et promu.