Une femme de 22 ans a été tuée et un homme de 26 ans blessé par un policier dans la nuit de mardi à mercredi à Rennes. Selon une source policière, ils tentaient d’échapper à un contrôle mené dans le cadre d’une opération anti-drogue.
Vers une heure du matin mercredi, un policier a fait usage «à une reprise» de son arme de service tandis que des fonctionnaires de la police judiciaire de Rennes et de la Brigade de recherche et d’intervention (BRI) de Nantes procédaient à l’interception d’un véhicule «dans le cadre d’une enquête pour infraction à la législation sur les stupéfiante», a précisé le procureur de Rennes Philippe Astruc.
Deux enquêtes ouvertes
Le conducteur d’une Peugeot 208, né en 1996 et connu pour trafic de stupéfiants selon la police, a été touché au bras. Interpellé et placé en garde à vue, l’homme de 26 ans a été examiné à l’hôpital pour sa blessure et en était déjà sorti mercredi matin. Mais sa compagne, la passagère du véhicule, âgée de 22 ans, domiciliée à Rouen et inconnue des services judiciaires, est décédée malgré l’intervention des secours à 2h15 sur une bretelle de sortie de la rocade de Rennes, où a eu lieu l’interception «au moyen d’un dispositif important», selon le parquet.
Deux enquêtes ont été ouvertes : l’Inspection générale de la police nationale (IGPN) a été saisie, comme c’est le cas lorsque les policiers font usage de leur arme. Et une enquête pour tentative d’homicide sur personne dépositaire de l’autorité publique a été confiée à la police judiciaire.
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Des affaires similaires
Récemment, plusieurs affaires similaires ont fait scandale. Le 4 juin dernier, dans le XVIIIe arrondissement de Paris, deux amies, Inès et Rayana, montent à bord de la voiture d’amis d’amis qui proposent de les reconduire chez elles après une nuit festice. Quelques minutes plus tard, la voiture est prise pour cible par des tirs policiers, qui affirment avoir agi pour «refus d’obtempérer». Touchée au cou, Rayana, 21 ans, est morte des suites de ses blessures.
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Une défense du même registre est employée dans le cadre de la mort d’un homme de 20 ans, dans la nuit du 18 au 19 août, cette fois à Vénissieux. Il a été tué d’une balle dans la tête par la police, alors qu’il était le passager d’un véhicule dont le conducteur, 26 ans, a succombé à ses blessures également. Selon le parquet de Lyon, les deux policiers auraient agi en «légitime défense», mais le flou persiste sur le déroulement exact des événements. Une patrouille de nuit de quatre policiers aurait, selon le récit qu’ils en font, tenté de contrôler un véhicule à l’arrêt, signalé volé. Alors que les agents s’apprêtaient à le contrôler, le conducteur du véhicule aurait enclenché la marche arrière puis la marche avant, percutant un policier. Celui-ci aurait été projeté sur le capot du véhicule, qui aurait poursuivi son accélération. C’est à ce moment que deux policiers auraient ouvert le feu, dont celui qui se trouvait sur le capot.
Des documents révélés par Libération et Mediapart sur les tirs mortels d’un policier au Pont-Neuf à Paris, dans une affaire similaire, discrédite la thèse de la légitime défense qui avait là encore été défendue par les policiers. Le soir du dimanche 24 avril 2022, aux alentours de minuit, trois hommes se trouvent dans une voiture garée à proximité du Pont-Neuf, dans le centre de la capitale, quand cinq agents s’approchent pour les contrôler. Quelques secondes plus tard, le véhicule est criblé de neuf balles tirées au fusil d’assaut par un policier. Deux des occupants du véhicule sont morts et le troisième a été blessé au bras. Les policiers arguent que la légitime défense justifie une telle situation, mais les premiers éléments de l’enquête jettent le trouble.