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Rouvrir la prison de Clairvaux, Gérald Darmanin n’y est pas fermé

En déplacement ce lundi 3 novembre dans l’Aube, le ministre de la Justice a annoncé une rencontre avec les élus locaux pour envisager des scénarios de réouverture de ce lieu de détention historique.

Gérald Darmanin en visite dans l'ancienne prison de Clairvaux, à Ville-sous-la-Ferté (Aube), le 3 novembre 2025. (Arnaud Finistre/AFP)
Publié aujourd'hui à 15h51

Une des plus célèbres prisons de France, qui a fermé ses portes il y a deux ans, pourrait reprendre du service. En déplacement à Clairvaux (Aube), ce lundi 3 novembre, le ministre de la Justice, Gérald Darmanin, a annoncé qu’il «proposera très rapidement» une rencontre aux élus locaux pour évoquer une possible réouverture du lieu de détention, désaffecté depuis sa fermeture. Clairvaux, qui fut au XIXe siècle l’une des principales prisons du pays, est «un site carcéral en mauvais état, mais un site carcéral quand même», a souligné le ministre devant la prison de Troyes-Lavau, où il s’est rendu dans la foulée de sa visite de Clairvaux.

Gérald Darmanin compte proposer «très rapidement aux élus du territoire de venir à Paris pour tenir une première réunion, pour savoir ce qu’ils sont capables de faire, et également pour nous aider éventuellement à donner un projet» de l’administration pénitentiaire pour Clairvaux. «Si c’était le cas», il entendrait ensuite revenir «très rapidement» dans l’Aube, «peut-être en début d’année prochaine, […] pour voir ce que nous pourrions faire», a-t-il complété.

Un site candidat à l’accueil de «100 narcotrafiquants»

Un certain nombre d’élus locaux ont déjà fait savoir qu’ils étaient favorables à une réouverture de l’établissement. En début d’année, alors que Gérald Darmanin venait d’annoncer son souhait de mettre «à l’isolement» les «100 plus gros narcotrafiquants» du pays, Philippe Borde, le maire de Bar-sur-Aube et président de l’intercommunalité où se situe Clairvaux, profitait de ses vœux pour signaler au ministre de la Justice «qu’il y a dans l’Aube à côté de Bar-sur-Aube une ancienne prison en grande partie rénovée, un territoire et une population prêts à accueillir les 100 narcotrafiquants qu’il souhaite isoler».

Une harangue complétée d’une lettre, signée également par François Baroin en qualité de président de l’Association des maires de l’Aube, dans laquelle étaient mises en avant les «conditions matérielles, bâtimentaires et capacitaires» de Clairvaux ainsi que la «longue tradition pénitentiaire du sud-est aubois» qui devaient permettre de «positionner le site comme une hypothèse crédible et sérieuse». Les députés Valérie Bazin-Malgras (LR) et Jordan Guitton (RN) avaient également poussé en ce sens.

«Des dizaines et des dizaines de millions d’euros»

La fermeture de Clairvaux, une ancienne abbaye cistercienne du XIIe siècle reconvertie en prison sous Napoléon Ier, avait été annoncée en 2016 par le garde des Sceaux de l’époque, le socialiste Jean-Jacques Urvoas. Pour Gérald Darmanin, cette décision interroge, «partant du principe que les élus d’un territoire, qui sont les premiers à connaître ce territoire, souhaitent garder une prison, [et] que nous avons besoin de prisons».

Au cours de sa visite de Clairvaux, il a tenté d’évaluer les coûts d’une potentielle rénovation du site vieillissant, aux portes en bois vétustes et aux anciens verrous. «Des dizaines et des dizaines de millions d’euros» seraient nécessaires pour remettre le site à neuf, a estimé le directeur interrégional des services pénitentiaires auprès de Gérald Darmanin. Soit le même prix qu’une prison haute sécurité, lui a rétorqué le garde des Sceaux.

Depuis son arrivée au ministère de la Justice, Gérald Darmanin propose comme ses prédécesseurs de construire de nouvelles prisons, alors qu’au 1er octobre, le nombre de détenus dans les prisons françaises était de 84 862 pour seulement 62 501 places opérationnelles, soit une densité carcérale de 135,8 %. Gérald Darmanin a notamment lancé deux appels d’offres pour la construction de 3 000 places de prison modulaires construites en dix-huit mois, destinées aux détenus en semi-liberté ou condamnés à de courtes peines. «La première» de ces prisons modulaires devrait être inaugurée en «octobre-novembre 2026» à Troyes-Lavau, a-t-il souligné ce lundi.