L’ancien président Nicolas Sarkozy a été entendu, ce mardi 13 juin, en audition libre à Nanterre par les enquêteurs financiers de l’Office central de lutte contre la corruption et les infractions financières et fiscales (Oclciff). Puis, son domicile a été perquisitionné, également dans le cadre de l’information judiciaire sur la rétractation des accusations de financement libyen de sa présidentielle 2007 formulées par l’intermédiaire Ziad Takieddine, a appris l’AFP de source proche du dossier.
Enquête
Sa femme, Carla Bruni-Sarkozy, a été entendue comme témoin simple, d’après cette source. Le Parquet national financier a confirmé ces informations dans ce dossier dans lequel la justice soupçonne au moins huit protagonistes d’avoir participé, avec l’éventuel aval de l’ex-chef de l’Etat, à une opération pour que le sulfureux intermédiaire franco-libanais retire, fin 2020 contre rémunération, ses accusations contre Nicolas Sarkozy. La reine des paparazzis Mimi Marchand figure également parmi les mis en cause.
Le couple Sarkozy est arrivé discrètement à l’Oclciff (Office central de lutte contre la corruption et les infractions financières et fiscales), à Nanterre, ce mardi matin. L’ex-chef de l’Etat y a été entendu sous le régime de l’audition libre, dite aussi suspect libre, un statut qui permet d’interroger une personne soupçonnée d’avoir commis une infraction sans la mettre en garde à vue.
Vers 14 h 30, Nicolas Sarkozy est rentré en voiture à son domicile dans une impasse privée du XVIe arrondissement parisien pour faire l’objet d’une perquisition, suivi d’une demi-douzaine d’enquêteurs de la police judiciaire répartis dans plusieurs véhicules, selon l’AFP. La perquisition était toujours en cours vers 16 heures, selon ces journalistes.
Selon l’analyse de ses déclarations et des éléments à charge et à décharge, Nicolas Sarkozy pourrait être mis hors de cause, mais il pourrait aussi se voir remettre une convocation en vue d’une mise en examen. Le parquet national financier a élargi début mars l’information judiciaire ouverte au printemps 2021 à des faits de «recel de subornation de témoin», une qualification qui pourrait correspondre au rôle de Nicolas Sarkozy tel qu’il apparaît dans certaines déclarations des protagonistes dans l’enquête.
Le Franco-Libanais, qui accusait ce dernier depuis 2012, avait opéré une spectaculaire volte-face en novembre 2020 sur BFMTV et Paris Match en déclarant que Nicolas Sarkozy n’avait en fait pas bénéficié de financement de Mouammar Kadhafi pour la campagne présidentielle 2007. Il était revenu sur ses propos deux mois plus tard.
Les enquêteurs ont chiffré à au moins 608 000 euros le montant de l’opération destinée à obtenir que l’intermédiaire Ziad Takieddine retire ses accusations contre Nicolas Sarkozy autour du présumé financement libyen de sa campagne présidentielle de 2007. L’argent, essentiellement mobilisé par le financier Pierre Reynaud, récemment décédé, a été reversé à différents protagonistes présumés de l’opération, dont l’intermédiaire Noël Dubus, déjà condamné pour escroquerie, un publicitaire, à Ziad Takieddine et à un Libanais proche de ce dernier.
Mis à jour à 17 h 19 : détails sur l’audition et la perquisition