Dans la nuit du 5 au 6 juillet 2018, Loïc K., 23 ans, avait été renversé par une voiture, passé à tabac puis blessé à l’arme blanche dans le Xe arrondissement de Paris, lors d’un affrontement entre bandes rivales. Pour ces faits, dont Libération avait dénoué le fil, le rappeur MHD sera jugé devant la cour d’assises de Paris pour «meurtre», a indiqué ce vendredi une source judiciaire, confirmant une information du Parisien. Huit autres personnes seront également renvoyées aux assises, a indiqué une source proche du dossier. Deux autres personnes font l’objet d’un non-lieu.
La source judiciaire a précisé que l’ordonnance de mise en accusation renvoyait l’artiste, dont le vrai nom est Mohamed Sylla, pour «meurtre», mais n’a pas détaillé les qualifications précises visant les sept autres accusés, dont plusieurs étaient également mis en examen pour «meurtre». En janvier 2019, le rappeur avait été mis en examen pour «homicide volontaire» et écroué dans cette affaire de règlement de compte supposé. Après un an et demi de détention, il avait été remis en liberté à l’été 2020 sous contrôle judiciaire.
«Vingt-deux plaies par arme blanche»
«Si les enquêteurs dissèquent la vidéosurveillance de cette nuit du 6 juillet 2018, c’est qu’un homicide particulièrement sanglant s’y est déroulé en pleine rue», écrivait Libération en 2020. Et pour cause, une dizaine de personnes se sont acharnées sur Loïc K., mort très rapidement de ses blessures. Une scène filmée sur un téléphone portable par un témoin depuis une fenêtre et qui est un élément clé du dossier. «Lorsque les pompiers sont à son chevet à 3 h 07, [le jeune homme] présente 22 plaies par arme blanche, au visage, au bassin et sur l’arrière des jambes, détaillait Libé. Il meurt vingt-sept minutes plus tard, d’une hémorragie consécutive à la section d’une artère fémorale.»
La voiture du rappeur originaire du XIXe arrondissement de Paris, une Mercedes noire reconnaissable, est celle qui a renversé le jeune homme, mais plusieurs acteurs du dossier assurent que le rappeur la prêtait très régulièrement. Outre cet élément, plusieurs témoins ont indiqué avoir formellement identifié MHD, notamment par sa coupe de cheveux ou un survêtement de la marque Puma dont il était l’ambassadeur, selon des éléments de l’enquête dont l’AFP a eu connaissance. Mais le rappeur a constamment nié les faits.
«Nous avons apporté tout au long de l’information judiciaire de nombreux éléments objectifs disculpant notre client», a commenté Me Antoine Vey, avocat du musicien au côté de Me Elise Arfi. «Or l’ordonnance de mise en accusation retient absolument les mêmes idées qu’au départ», a-t-il ajouté, estimant «positif» de passer au stade de l’audience. «C’est un dossier qui repose sur de très faibles charges qui pourront être balayées lors du procès.»
L’enquête a longtemps cherché à préciser le degré de responsabilité de chacun des neuf protagonistes, le déroulé précis de la soirée, et notamment tenté de comprendre si ce meurtre est intervenu en représailles d’une intrusion violente au domicile de l’une des personnes mises en cause, plus tôt dans la soirée.
Mise à jour à 19h25 : une source proche du dossier indique que neuf personnes en tout sont renvoyées aux assises et ajout du non-lieu pour deux autres individus.