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Rixes dans l’Essonne  : deux morts presque en miroir

L’engrenage qui a mené à la mort de deux jeunes adolescents en moins de vingt-quatre heures dans le département, lors d’affrontements entre bandes rivales, inquiète les autorités.
Depuis quelques mois, une rivalité opposait des adolescents de Dourdan et de Saint-Chéron. (Cyril Zannettacci/Vu pour Libération)
publié le 25 février 2021 à 7h38
(mis à jour le 25 février 2021 à 12h16)

[mise à jour jeudi avec la mise en examen de six jeunes dans l’affaire de Saint-Chéron]

Deux morts en un peu moins de vingt-quatre heures, dans le même département, à quelques kilomètres d’écart. Deux affaires en miroir qui suscitent un regain d’intérêt pour les phénomènes de bandes, ces oppositions «cycliques» dont les pouvoirs publics commencent tout juste à se saisir de manière «pérenne» après des années de réponses suscitées par l’urgence ou le drame, soutient le sociologue Marwan Mohammed. «Le phénomène n’est pas conjoncturel mais bien systémique», martèle la procureure de la république d’Evry, Caroline Nisand. Dans la soirée, à l’issue de la prise de parole du ministère de l’Intérieur, soixante gendarmes mobiles ont été envoyés sur place pour pacifier la situation, a expliqué le service de presse de la gendarmerie nationale.

Deux coups de couteau

Lundi, une adolescente de 14 ans, Lilibelle, a été poignardée à Saint-Chéron, une bourgade plutôt tranquille du sud de l’Essonne. «Depuis l’été dernier, une rivalité opposait des mineurs de Dourdan et de Saint-Chéron sur fond de messages, insultes et provocations sur les réseaux sociaux», détaille le parquet d’Evry, sollicité par Libération. Ce jour-là, plusieurs mineurs de Dourdan décident d’en découdre. Ils se retrouvent aux alentours du collège de la petite ville. Dans la bagarre, l’un d’entre eux brandit un couteau et frappe Lilibelle au ventre, à deux reprises. Elle meurt de ses blessures quelques heures plus tard. La jeune fille était scolarisée ici et suivie par la juge des enfants d’Evry.

Six mineurs de 14 à 16 ans ont été interpellés, placés en garde à vue, avant d’être mis en examen jeudi. Parmi eux, un adolescent âgé de 16 ans qui a reconnu reconnu avoir porté le coup de couteau mortel a été mis en examen pour meurtre sur mineur de 15 ans, violences aggravées et participation à un groupement en vue de commettre des violences. Déjà connu pour deux infractions, mais pas pour des faits de violences, il a été placé en détention provisoire. Les cinq autres, poursuivis pour violences aggravées, participation à un groupement en vue de commettre des violences et non assistance à un mineur de 15 ans en danger, ont été placés sous contrôle judiciaire avec l’interdiction de paraître en Ile-de-France et d’être en contact avec les coauteurs, les victimes et leur famille.

Bâtons et béquilles

Un récit presque en tout point similaire à ce qui s’est passé à Boussy-Saint-Antoine, mardi en fin d’après-midi. Dans cette ville, située entre Quincy-sous-Sénart et Epinay-sous-Sénart, dans le nord-est du département, qu’une soixantaine d’adolescents se sont retrouvés sur le terrain de pétanque de la ville. Certains étaient armés de couteaux. D’autres de bâtons ou de béquilles. «Il était prévu que les plus âgés, 17 ans, laissent les plus petits de 13-14 ans se battre sous leur surveillance», note la procureure.

Comme pour ce qui s’est passé à Saint-Chéron, un jeune garçon de 14 ans, Toumani D., est mort des suites d’une blessure au thorax, à l’arme blanche. Six mineurs ont été interpellés sur les lieux des faits. Un septième, Logan M., s’est présenté spontanément à la gendarmerie, se dénonçant comme l’auteur du coup mortel. Il a expliqué aux enquêteurs avoir agi pour «se défendre» face à la bande adverse, selon nos confrères du Pointet dit «regretter son geste». L’enquête a été confiée à la sûreté départementale de l’Essonne, pour «meurtre sur mineur de 15 ans, tentative de meurtre, violences aggravées en réunion et avec armes». Un juge d’instruction devrait être saisi jeudi, a annoncé le parquet. Seuls deux des gardés à vue étaient connus des services de police, pour des faits de port d’armes.