Les faits se sont déroulés lundi 27 octobre, à la mi-journée, au cœur de la vieille ville de Saint-Malo (Ille-et-Vilaine). Alors qu’une vingtaine de passagers sont postés à l’intérieur d’un bus de l’agglomération, une femme âgée de 32 ans se lève brusquement et se dirige à l’avant du véhicule, vers la cabine du conducteur. Soudain, comme le rapporte le Télégramme, la jeune femme se jette sur le volant, tente de prendre le contrôle du bus et de provoquer un accident. Le tout en criant, à une reprise, l’expression «Allah Akbar», rapporte le procureur de Saint-Malo, Fabrice Tremel, auprès de plusieurs journaux locaux, dont Ici.
Le conducteur du bus, qui conserve son sang-froid, parvient toutefois à reprendre en main le véhicule et à déclencher un freinage d’urgence. D’après le parquet, «une passagère a été légèrement blessée, mais aucun autre usager ni piéton n’a été touché». Les forces de l’ordre sont alors dépêchées sur place. La trentenaire, inconnue des services de police selon Ouest-France, est immédiatement maîtrisée. Elle sera ensuite placée en garde à vue dès le lendemain, mardi.
Selon le Télégramme, la mère de la jeune femme, également présente dans le bus lors des faits, a avancé que sa fille était «fragile psychologiquement» lorsqu’elle ne prenait pas son traitement médicamenteux. La trentenaire se trouvait justement en rupture de traitement, selon une source citée par le quotidien.
Enquête ouverte pour «apologie du terrorisme»
En parallèle, le parquet de Saint-Malo a annoncé avoir ouvert une enquête pour «apologie du terrorisme» et pour «violences aggravées par deux circonstances : l’usage d’une arme, à savoir le bus» et «le lieu où les faits ont été commis, à savoir un réseau de transport public de voyageurs». L’enquête a été confiée à la police judiciaire de Saint-Malo.
Le Parquet national antiterroriste (Pnat) n’a, lui, pas été saisi des faits. La raison : les délits d’apologie du terrorisme restent de la compétence des parquets locaux – contrairement aux autres qualifications terroristes – en raison de leur moindre gravité.
Thierry Audouin, secrétaire de la zone Grand Ouest au sein du syndicat Alternative Police CFDT, précise en effet auprès de Libération que dans cette affaire, «l’acte de terrorisme en tant que tel, qui a pour conséquence ou objet de commettre la terreur intentionnellement en relation avec une entreprise individuelle ou collective ayant pour but de troubler gravement l’ordre public», ne «peut pas être caractérisé». «Il est difficile d’établir à quel point cette attaque était “jouable” et à quel point il y avait une intention derrière.» Il s’agit ici du chef «d’apologie de terrorisme», qui consiste à «soutenir l’idée». Un acte pour lequel la jeune femme encourt jusqu’à cinq ans de prison et de 75 000 euros d’amende.
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De son côté, après les faits, le réseau de transport de l’agglomération de Saint-Malo indique avoir ouvert une cellule d’aide psychologique, tout en saluant «l’extrême sang-froid dont a fait preuve» le conducteur du bus.