Un «délit contre la nation, l’Etat, la République». Quelques mots graves adressés par la présidente du tribunal à Nicolas Sarkozy, debout à la barre et dont le dos est scruté par une salle d’audience pleine à craquer, et l’ancien chef de l’Etat comprend : c’est son tour de se retrouver derrière les barreaux. Quelques minutes auparavant, un financier impliqué dans les montages occultes, Wahib Nacer, et son ami Alexandre Djouhri, un sulfureux homme d’affaires, avaient déjà été raccompagnés à leur place encadrés par les policiers sous le coup d’un mandat de dépôt. La salle a frémi.
Nathalie Gavarino termine l’énoncé des peines visant Sarkozy – cinq ans de prison pour «association de malfaiteurs», une amende de 100 000 euros, l’interdiction d’occuper une fonction publique et l’inéligibilité pendant cinq ans. Elle évoque la gravité «exceptionnelle» des faits, explique d’une voix un peu cassée par la fatigue – cela fait trois heures qu’elle lit le jugement – qu’ «en tant que ministre et président de l’UMP», Nicolas Sarkozy a, entre 2005 et mai 2007, date de son élection à l’Elysée, «laissé ses proches collaborateurs et soutiens politiques» solliciter les autorités libyennes «afin d’obtenir ou tenter d’obtenir des soutiens financiers en Libye en vue d’obtenir un financement de la campagne». De quoi «altérer la confiance dans les institutions mêmes de la République», martèle-t-elle.
La salle est sonnée
Elle prononce le mandat de dépôt redouté, mais avec un