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Sarkozy, Depardieu, Jubillar… Les procès qui vont marquer 2025

Affaire des assistants: le RN en procèsdossier
L’actualité judiciaire sera particulièrement intense cette année, avec de nombreux procès au long cours. Et des décisions très attendues, comme dans la procédure sur les effondrements de la rue d’Aubagne à Marseille ou celle des assistants parlementaires du FN.
Nicolas Sarkozy, ici le 14 février au tribunal de Paris, va retrouver le banc des prévenus en janvier, cette fois dans le cadre de l’enquête sur le financement de sa campagne présidentielle par la Libye de Kadhafi en 2007. (Bertrand Guay/AFP)
publié le 1er janvier 2025 à 17h36

Des procès retentissants, à cause du degré de célébrité des mis en cause ou du retentissement sociétal des faits, se tiendront cette année. Voici les principaux, par ordre chronologique.

Attentat au hachoir devant les locaux de «Charlie Hebdo»

Du 6 au 24 janvier – Cour d’assises des mineurs spécialement composée de Paris

Six hommes doivent comparaître pour l’attaque au hachoir devant les anciens locaux de Charlie Hebdo dans le XIe arrondissement Paris, en septembre 2020. En plein procès des attentats de janvier 2015, Zaheer Mahmood avait attaqué et grièvement blessé deux employés de l’agence de presse Premières Lignes devant la porte de l’immeuble, ignorant que Charlie Hebdo avait déménagé. Il sera jugé pour tentatives d’assassinats terroristes. Cinq de ses amis, dont trois étaient mineurs au moment des faits, comparaîtront pour association de malfaiteurs terroriste criminelle.

Financement libyen de la campagne de Sarkozy

Du 6 janvier au 10 avril – Tribunal correctionnel de Paris

Fraîchement condamné définitivement pour corruption et trafic d’influence dans l’affaire «Bismuth», Nicolas Sarkozy va retrouver le banc des prévenus, cette fois dans le cadre de l’enquête sur le financement de sa campagne présidentielle par la Libye de Kadhafi en 2007. Il est poursuivi pour «corruption passive», «recel de détournement de fonds publics», «financement illégal de campagne électorale» et «association de malfaiteurs».

L’année judiciaire sera chargée pour Sarkozy puisque la décision en appel sur le volet financier de l’affaire Karachi est attendue le 21 janvier et la Cour de cassation doit se prononcer dans les mois qui viennent dans l’affaire Bygmalion.

Procès de Stéphane Plaza pour violences conjugales

9 janvier – Tribunal correctionnel de Paris

Il était absent de l’audience, fin août, pour des raisons de «santé mentale». L’animateur star de M6 Stéphane Plaza sera donc jugé début janvier pour «violences habituelles physiques et /ou psychologiques par concubin» sur deux femmes, entre août 2018 et septembre 2022. Mediapart avait révélé, en septembre 2023, les témoignages de trois anciennes compagnes de Stéphane Plaza, faisant état d’«humiliations, menaces, violences verbales et, pour deux d’entre elles, physiques». Il nie les faits.

Attentat de la basilique de Nice

Du 10 au 28 février – Cour d’assises spécialement composée de Paris

Le 29 octobre 2020, Brahim Aouissaoui pénètre dans la basilique de Nice et poignarde mortellement trois personnes. Ce jeune Tunisien avait brandi son couteau en criant «Allah akbar» lorsqu’il s’était retrouvé face à une patrouille de la police municipale qui intervenait dans l'édifice. Grièvement blessé par balle, il avait été conduit à l’hôpital. Il a toujours assuré avoir tout oublié des faits.

Mehdi Nemmouche pour la séquestration de sept Occidentaux en Syrie

Du 17 février au 21 mars – Cour d’assises spécialement composée de Paris

Déjà condamné à la perpétuité en Belgique pour l’attentat du musée juif de Bruxelles, Mehdi Nemmouche est renvoyé devant la cour d’assises spéciale de Paris, cette fois dans le cadre de l’enquête sur la séquestration de sept Occidentaux en Syrie entre 2013 et 2014. Parmi eux se trouvaient quatre journalistes français : Didier François, Edouard Elias, Nicolas Hénin et Pierre Torres.

Joël Le Scouarnec pour 299 cas de viols et agressions sexuelles

A partir du 24 février et pour quatre mois – Cour d’assises de Vannes (Morbihan)

C’est l’une des affaires de pédocriminalité les plus importantes en France : l’ancien chirurgien digestif Joël Le Scouarnec est accusé d’avoir violé ou agressé sexuellement 299 personnes, pour la plupart mineures. Durant trente ans, il a consigné les sévices sexuels infligés à ses victimes dans des carnets. Déjà condamné en décembre 2020 à quinze ans de réclusion criminelle pour des atteintes sexuelles et des viols sur quatre personnes – il a fait appel –, il encourt cette fois vingt ans de réclusion criminelle.

Suicide d’Evaëlle : procès de sa professeure de français

Les 10 et 11 mars – Tribunal correctionnel de Pontoise (Val-d’Oise)

Situation exceptionnelle : une enseignante va être jugée pour harcèlement sur une de ses élèves, Evaëlle, qui s’était suicidée à l’âge de 11 ans, en 2019. Cette professeure de français d’Herblay (Val-d’Oise) est accusée d’avoir «humilié régulièrement» la collégienne, entraînant «une dégradation très importante des conditions de vie de la jeune fille qui s’isolait de plus en plus».

Gérard Depardieu jugé pour deux agressions sexuelles

24 et 25 mars – Tribunal correctionnel de Paris

Il ne s’était pas présenté à la date initiale de son procès, le 28 octobre, pour raisons de santé. Gérard Depardieu devrait normalement être jugé fin mars pour deux agressions sexuelles qu’il aurait commises sur une décoratrice et une assistante réalisatrice sur le tournage des Volets Verts, en 2021. L’acteur de 76 ans nie les faits qui lui sont reprochés.

Féminicide de Chahinez Daoud : procès de son ex-compagnon

Du 24 au 28 mars – Cour d’assises de Bordeaux (Gironde)

Ce féminicide avait fait couler beaucoup d’encre, en raison des multiples défaillances de la police et de la justice : Mounir Boutaa sera jugé pour le meurtre de son ex-compagne, Chahinez Daoud, en mai 2021 à Mérignac (Gironde), alors que la femme de 31 ans avait porté plainte contre lui quelques semaines plus tôt. Il l’avait brûlée vive sur le trottoir, à quelques mètres de la maison où elle vivait avec ses trois enfants.

Braquage et séquestration de Kim Kardashian : douze personnes jugées

Du 28 avril au 23 mai – Cour d’assises de Paris

Lors de la Fashion Week parisienne de 2016, des malfaiteurs se sont introduits dans la chambre d’hôtel de la star américaine de télé-réalité Kim Kardashian, l’ont ligotée et détroussée. Un butin de 9 millions d’euros, qui pulvérise le record en la matière depuis vingt ans, raflé en une heure par une équipe de «vieux briscards». Ils seront douze à être jugés durant quatre semaines, renvoyés notamment pour «vol avec arme commis en bande organisée» et «enlèvement et séquestration».

Cédric Jubillar aux assises pour le meurtre de son épouse

Septembre-octobre 2025 – Cour d’assises du Tarn

Un procès sans corps, ni aveux, ni témoin, ni scène de crime. Après quasiment quatre ans d’instruction, la cour d’appel de Toulouse a annoncé le 26 septembre que Cédric Jubillar, principal suspect dans la disparition de sa femme Delphine, serait jugé par la cour d’assises du Tarn à l’automne 2025. Les enquêteurs ont la conviction que le peintre plaquiste a tué son épouse, qui venait de lui annoncer son intention de divorcer.

Procès de l’assassinat de l’avocat Antoine Sollacaro

Du 3 novembre au 12 décembre – Cour d’assises d’Aix-en-Provence

Le 16 octobre 2012, Antoine Sollacaro, ancien bâtonnier de Corse-du-Sud, est tué par balles à Ajaccio. Trois hommes, présentés comme des piliers et anciens membres de la bande criminelle du Petit Bar, seront jugés pour leur participation à des degrés divers à «l’assassinat» de cette figure de l’île.

Le groupe Lafarge jugé pour «financement du terrorisme»

Du 4 novembre au 9 décembre – Tribunal correctionnel de Paris

Les liens entre le géant du ciment français et les groupes jihadistes syriens bientôt au cœur d’un procès. Le groupe Lafarge et huit personnes, dont quatre anciens responsables, seront jugés pour «financement du terrorisme» et, pour certains, «non-respect de sanctions financières internationales». Tous sont accusés d’avoir payé des groupes terroristes pour pouvoir maintenir l’activité d’une cimenterie en Syrie jusqu’en 2014, dans le contexte de guerre civile.

L’ex-anesthésiste de Besançon, la meurtrière de Lola, les parents de la «petite martyre de l’A10», l’appel de Mazan

Fin 2025

L’ancien anesthésiste de Besançon Frédéric Péchier sera jugé par la cour d’assises du Doubs pour les empoisonnements de 30 patients, dont 12 mortels. Il est soupçonné d’avoir pollué, entre 2008 et 2017, les poches de perfusion de patients pour provoquer des arrêts cardiaques puis démontrer ses talents de réanimateur, mais aussi pour discréditer des collègues avec lesquels il était en conflit. L’homme clame son innocence.

Deux ans après le meurtre de la petite Lola à Paris, fait divers qui avait provoqué un émoi national et une intense campagne de récupération par l’extrême droite, Dahbia Benkired sera elle aussi jugée aux assises. Elle encourt la perpétuité.

Près de quarante ans après les faits, les parents de la «petite martyre de l’A10» seront jugés pour le meurtre de leur fille. En 1987, le corps martyrisé d’une fillette de quatre ans était découvert au bord de l’autoroute A10. Il faudra attendre trois décennies et un prélèvement ADN opéré sur son frère, arrêté dans le cadre d’une affaire de violence, pour enfin pouvoir identifier Inass Touloub. Dans la foulée, ses parents, Ahmed Touloub et Halima El Bakhti, avaient été interpellés.

Un nouveau procès dans l’affaire des viols de Mazan devrait se tenir fin 2025, puisque dix-sept personnes reconnues coupables et condamnées fin décembre par la cour criminelle départementale du Vaucluse ont décidé de faire appel. Ce n’est pas le cas de Dominique Pelicot, condamné à vingt ans de réclusion criminelle pour avoir sédaté, violé et fait violer son ex-épouse, Gisèle Pelicot.

Les jugements attendus

Outre les procès, certaines décisions de justice doivent être rendues cette année, après des audiences qui se sont tenues en 2024. Seront ainsi notamment fixés sur leur sort le réalisateur Christophe Ruggia, accusé d’agressions sexuelles sur mineure par l’actrice Adèle Haenel (le 3 février) ; Marine Le Pen et les cadres du RN dans l’affaire des faux assistants d’eurodéputés (le 31 mars) ; les seize prévenus dans l’affaire des effondrements mortels de la rue d’Aubagne, à Marseille (le 7 juillet).