Des contrôles sur Shein et, de manière générale, les autres plateformes d’e-commerce, mais aussi sur les consommateurs. C’est ce qu’a réclamé lundi 3 novembre la Haute-commissaire à l’Enfance Sarah El Haïry après que la répression des fraudes a signalé à la justice la présence de poupées sexuelles à la silhouette enfantine sur le site du géant chinois de l’ultra fast-fashion et du hard discount.
Ces poupées «sont des objets pédocriminels sur lesquels des prédateurs s’entraînent malheureusement parfois avant de passer à des sévices sur des enfants», a déclaré l’ancienne ministre sur BFM. «Quand vous faites l’achat d’objets aussi ignobles que ça, […] il y a un risque accru de passer à l’acte. Et donc, les enfants qui sont aux alentours ont vocation à être protégés», a-t-elle dit.
«C’est comme la détention d’images pédocriminelles, cela vous envoie devant les tribunaux»
«Il n’y a pas que Shein, il y en a bien d’autres, nous avons été alertés sur d’autres cas», a-t-elle précisé par ailleurs sur France Info, confirmant sans le dire l’information du Parisien selon laquelle Temu, Wish et AliExpress ont aussi été signalés par la répression des fraudes. «Ces poupées ne sont pas des objets pornographiques, mais pédopornographiques, et donc ce n’est pas légal dans notre pays. C’est comme la détention d’images pédocriminelles, cela vous envoie devant les tribunaux», a rappelé cette cadre du Modem. Des procédures peuvent aller jusqu’à sept ans de prison et 75 000 euros d’amendes.
Dès lors, El Haïry fait pression pour que les plateformes transmettent des «informations» sur les acheteurs, «ce qui nous permettra de lancer un certain nombre de contrôles et voir s’il y a des enfants en danger». «Mon enjeu aujourd’hui, ce sont les fournisseurs» mais aussi «les hommes qui détiennent ces horreurs, ces ignominies, à leur domicile, et qui peut-être ont des enfants qui dorment dans la chambre d’à côté». «Je veux qu’on aille jusqu’au bout de la chaîne cette fois-ci. Il y en a marre parce que ce ne sont pas des objets comme les autres», a-t-elle poursuivi, rappelant une terrible statistique : «Toutes les trois minutes, un enfant subit des violences sexuelles.»
«Ça ne constitue en aucun cas un frein au passage à l’acte»
Contactée par l’AFP, l’ancienne commandante de police Véronique Béchu, qui a dirigé la cellule de lutte contre la pédocriminalité à la PJ de Nanterre, confirme que la détention de ces poupées, «une représentation de mineur à caractère sexuel», constitue bien une infraction pénale. «Fabriquer, acheter, diffuser ou détenir ces poupées est interdit», indique-t-elle encore, insistant sur la nécessité d’identifier les acheteurs, qui présentent «des appétences sexuelles pour les enfants».
Lutte contre la pédocriminalité
Consulter des images ou des vidéos ou posséder des poupées sexuelles représentant un mineur «participe du comportement pédocriminel» et «ne constitue en aucun cas un frein au passage à l’acte», indique celle qui dirige aujourd’hui l’Observatoire contre les violences numériques faites aux mineurs de e-Enfance. «Un individu qui a des rapports sexuels avec une poupée représentant un enfant ne s’en satisfera pas éternellement. Il risque de s’en prendre à un enfant réel», indique l’ex-cheffe du pôle stratégique de l’Office Mineurs, qui cite une autre statistique : 44 % des personnes ayant une activité pédocriminelle en ligne finissent par passer à l’acte physiquement.