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Libération
Fait divers

Seine-et-Marne : ce que l’on sait de la mort des deux jeunes de 17 ans après une course-poursuite à scooter avec la police

"Refus d'obtempérer", une inflation mortelle de tirs policiersdossier
Deux adolescents ont été tués dans un accident de scooter survenu samedi 9 décembre après une course-poursuite avec la police. Ils fuyaient un contrôle policier après avoir grillé un feu rouge.
(Olivier Chassignole /AFP)
publié le 10 décembre 2023 à 12h20
(mis à jour le 10 décembre 2023 à 19h25)

Deux adolescents de 17 ans sont morts samedi 9 et dimanche 10 décembre après un accident de scooter en Seine-et-Marne consécutif à un refus d’obtempérer. Ce drame survient après la mort de plusieurs jeunes ces derniers mois dans des courses-poursuites avec la police.

Le premier jeune homme tué dans l’accident était le passager du deux-roues, sa mort ayant été annoncée samedi. Le conducteur, également âgé de 17 ans, est, lui, mort dimanche après-midi, a annoncé le procureur de Meaux dans un communiqué.

Deux enquêtes ouvertes

Les faits se sont produits vers 23 heures vendredi dans la banlieue est de Paris, quand un équipage de la brigade anticriminalité (BAC) de Neuilly-sur-Marne (Seine-Saint-Denis) a tenté de contrôler un scooter qui venait de griller un feu rouge, a précisé le procureur de la République de Meaux. Arrivé sur la commune de Chelles (Seine-et-Marne), deux kilomètres plus loin, le conducteur a glissé sur la chaussée et le deux-roues est venu «s’encastrer sous un véhicule se trouvant à l’arrêt au feu tricolore», a détaillé le procureur Jean-Baptiste Bladier dans un communiqué.

Les deux jeunes se sont alors retrouvés coincés sous la voiture, «l’un des deux - vraisemblablement le passager - perdant son casque sous la violence du choc», a ajouté le magistrat. Polytraumatisés et en arrêt cardiorespiratoire, les deux adolescents ont été transportés vers des hôpitaux parisiens, selon une source policière. Le passager est décédé samedi matin à 9h30.

Le parquet de Meaux a ouvert deux enquêtes, rapporte le procureur. La première, pour refus d’obtempérer, a été confiée au commissariat de Chelles-Villeparisis. La seconde, pour homicide et blessures involontaires, est menée par la délégation parisienne de l’Inspection générale de la police nationale (IGPN), la «police des polices».

La préfecture de police a également souligné que «conformément aux instructions» du préfet de police Laurent Nuñez, «les policiers ont avisé la salle de commandement du refus d’obtempérer commis par le véhicule» et qu’ils ont engagé ensuite sa «prise en charge». Les agents de la BAC ont fait usage de leurs «avertisseurs sonores et lumineux» pour obtenir l’arrêt du conducteur du scooter, en vain, affirme le parquet.

D’après les premiers éléments des investigations, établis grâce à l’exploitation de la vidéosurveillance, «il semblerait qu’il n’y ait eu aucun contact entre le scooter et le véhicule de la BAC», note le communiqué du procureur. C’est «un secteur où il y a de nombreuses caméras de vidéoprotection qui, j’espère, pourront permettre à l’enquête de déterminer toutes les circonstances», a dit sur BFMTV le maire de Chelles, Brice Rabaste (LR). «C’est important […] pour les familles, comme pour la police d’ailleurs», a-t-il ajouté.

Craintes de débordements

Dans la nuit de vendredi à samedi, les parents des deux adolescents, inquiets, s’étaient présentés au commissariat de Chelles, retrace une source policière. Craignant des débordements, les autorités ont déployé une «sécurisation avec des effectifs départementaux» de forces de l’ordre à Vaires-sur-Marne (Seine-et-Marne), commune de résidence des deux jeunes, et dans les environs. Toutefois, la situation est restée «calme» depuis l’accident, d’après une autre source policière. Les autorités n’ont pas déployé de dispositif spécifiquement renforcé pour la nuit de samedi à dimanche à Neuilly-sur-Marne, mais une «vigilance particulière» a été assurée sur ce secteur.

Plusieurs jeunes sont morts ces derniers mois en France après des courses-poursuites avec la police. Fin juin, c’est d’ailleurs la mort de Nahel, 17 ans, tué par un tir policier lors d’un contrôle routier à Nanterre, qui avait déclenché plusieurs nuits de violences urbaines de très forte intensité dans le pays. Dans la nuit du 6 au 7 octobre, un jeune homme de 23 ans est mort dans un accident de scooter alors qu’il était poursuivi par des policiers municipaux à Saint-Priest (Rhône). Deux mois plus tôt, dans la nuit du 5 au 6 août, à Limoges (Haute-Vienne), deux autres jeunes circulant à scooter sont morts après avoir percuté un véhicule en tentant d’échapper à un contrôle de police. Ces deux décès à Limoges sont intervenus un peu plus.

Mise à jour à 19h20 : avec la mort du jeune conducteur.