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Justice

Seine-Maritime : procès requis contre la maire socialiste de Canteleu pour complicité de trafic de stupéfiants

Dans le viseur des enquêteurs depuis 2019, Mélanie Boulanger, maire socialiste de cette ville de 15 000 habitants, est accusée d’avoir facilité un trafic de drogues dans sa commune. Le parquet de Bobigny a requis un procès à son encontre, dimanche 24 décembre.
Mélanie Boulanger, maire de Canteleu, s'est expliquée devant la presse le 11 octobre 2023 après une garde à vue de 36 heures. (Xavier Oriot/OUEST FRANCE.MAXPPP)
publié le 28 décembre 2023 à 10h41

Des millions d’euros de bénéfices, des dizaines de kilos de drogues et, d’après l’accusation, un système aux accents mafieux qui éclabousse jusqu’à la maire d’une ville de 15 000 habitants. Le parquet de Bobigny a requis un procès pour complicité de trafic de stupéfiants à l’encontre de la maire PS de Canteleu (Seine-Maritime), Mélanie Boulanger, apprend-on ce jeudi 28 décembre de sources judiciaires, confirmant une information du Monde. Le parquet a également requis, le 24 décembre, le renvoi devant un tribunal d’un adjoint de la maire et de 17 autres personnes, précise le Monde.

Les enquêteurs planchent sur l’épineuse affaire depuis 2019, année où ils ont interpellé en Seine-Saint-Denis l’un des lieutenants du cartel normand. Outre le million d’euros, les armes à feu, les 15 kg d’héroïne et 6 kg de résine de cannabis saisis, l’interpellation leur aurait permis de remonter le fil jusqu’à Mélanie Boulanger et son adjoint au commerce, Hasbi Colak, raconte France Info. Ensemble, les deux édiles avaient été placés en garde à vue en octobre 2021 avant d’être remis en liberté le lendemain. Ils avaient finalement été mis en examen pour complicité de trafic de stupéfiants en avril 2022. Tous les deux sont notamment accusés d’avoir facilité les affaires d’une famille influente du secteur, les Meziani.

Vidéosurveillance retardée, patrouilles de police suspendues

«Si ses déclarations et les documents qu’elle [la maire, ndlr] fournit montrent que, publiquement, celle-ci tentait de lutter contre les trafics de stupéfiants sur sa commune, les investigations ont démontré que parallèlement, elle “travaillait” avec les Meziani en leur fournissant des informations essentielles à la pérennité et au développement de leur trafic de stupéfiants», estime le parquet. Ainsi, l’élue est accusée d’avoir «volontairement différé l’installation de caméras de vidéosurveillance afin de ne pas entraver le trafic de stupéfiants». En outre, elle aurait œuvré pour l’interruption des patrouilles de police. Non pas pour son profit personnel, relève le Monde en citant le parquet de Bobigny, mais pour garantir une certaine paix sociale.

Au total, dix-neuf personnes avaient été placées en garde à vue en 2021 en même temps que cette figure du PS rouennais, tête de liste PS/EE-LV aux régionales de 2021. Mélanie Boulanger avait alors affirmé n’avoir «aucun lien» avec les trafiquants de drogue de sa commune, dont elle est maire depuis 2014. «Ils ont essayé plusieurs fois d’entrer en contact avec moi par personne interposée. Je suis une élue de terrain. On m’appelle, je réponds. Ils ne m’ont évidemment jamais appelée eux-mêmes», avait indiqué la maire, qui demeure présumée innocente.