Un homme a été tué par la police mercredi 7 février à Noisy-le-Grand. D’abord en cardio-respiratoire, il a été déclaré mort dans la soirée, d’après une source policière. A la suite du déclenchement d’un «téléphone grave danger», dispositif de protection de victimes de violences conjugales, les policiers de la brigade anticriminalité (Bac) se seraient rendus sur place et auraient été immédiatement visés par des tirs.
Dans un communiqué diffusé ce jeudi 8 février, le procureur de Bobigny Eric Mathais est revenu sur l’enchaînement des faits. «Vers 19 h 15, une femme âgée de 24 ans déclenchait son téléphone grave danger lorsque son ex-compagnon, âgé de 26 ans, se présentait à son domicile de Noisy-le-Grand et frappait à sa porte», relate Eric Mathais, précisant que la femme se trouvait à son domicile avec sa mère et les deux enfants du couple.
«Le téléphone grave danger marche»
Dans les parties communes, les deux policiers de la brigade anticriminalité se seraient retrouvés face à l’homme. «Dans des circonstances que l’enquête devra déterminer, et en l’état des éléments recueillis à ce stade, l’individu faisait usage d’une arme à feu en direction des policiers», poursuit le procureur. L’un des fonctionnaires a été blessé par balle à l’avant-bras. «Ceux-ci ripostaient et tiraient chacun à deux reprises en direction de l’individu qui était touché», est-il détaillé dans le communiqué. L’homme est mort à 20 h 25. D’après une source policière, il a été touché à la carotide, au thorax, à la fesse et dans le dos. Une cartouche a été découverte sous son corps et un pistolet automatique sur les lieux, en plus des quatre étuis des balles policières, selon la même source.
«Ce n’est pas une fatalité que les femmes soient tuées. Le téléphone grave danger marche, c’est important, ça donne de l’espoir. Il y a un sentiment de sécurité et d’une vraie protection que procure le téléphone grave danger», s’est réjouie Ernestine Ronai, présidente de l’Observatoire des violences envers les femmes de Seine-Saint-Denis, département où a été expérimenté en 2009 ce dispositif.
Sécurité
Le «téléphone grave danger» comprend un bouton d’appel d’urgence préprogrammé qui déclenche une intervention rapide des forces de l’ordre. Il est accordé par la justice à des femmes victimes de violences conjugales. Ces appareils sont «attribués par les procureurs à toute victime de violences conjugales ou de viol, en situation de grave danger, pour une période de six mois renouvelable. L’attribution du dispositif inclut un accompagnement par une association d’aide aux victimes», rappelait le ministère de la Justice auprès de Libération.
Le dispositif a été généralisé en 2014 au reste de la France. Au 31 décembre 2022, 4 840 «téléphones grave danger» étaient déployés soit cinq fois plus que début 2020. D’après Ernestine Ronai, 66 sont actifs en Seine-Saint-Denis. La militante féministe a tenu à saluer la décision du parquet d’en attribuer un à la jeune femme il y a deux semaines, «conscient de la dangerosité» de l’agresseur et la célérité des forces de l’ordre : «en Seine-Saint-Denis, la police arrive en 4 minutes». Cet enchaînement d’actions «a sauvé la vie de cette dame», affirme-t-elle.
Interdiction de paraître au domicile de son ex-conjointe
Dans son communiqué, Eric Mathais a détaillé le contexte qui a poussé le 25 janvier la justice à équiper «en urgence» la jeune femme d’un «téléphone grave danger». L’homme - déjà condamné en 2019 pour violences conjugales sur une précédente compagne - avait été présenté à un juge du tribunal correctionnel de Bobigny le 21 janvier pour des faits de violences sur la jeune femme de 24 ans commis de juillet 2019 à janvier 2024. Le procès avait été renvoyé au 5 juin, d’après le procureur. Après quelques jours de détention provisoire, il avait été placé sous contrôle judiciaire le 24 janvier et avait notamment l’interdiction de paraître au domicile de son ex-conjointe. Sa libération sous contrôle judiciaire a justifié la remise d’un téléphone grave danger à la jeune femme le lendemain.
A la suite de l’intervention policière mercredi soir, deux enquêtes ont été ouvertes par le parquet. La première pour tentative d’homicide volontaire sur personne dépositaire de l’autorité publique a été confiée au service de police judiciaire du département. La seconde, pour violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner, visant les policiers, a été confiée à l’Inspection générale de la police nationale (IGPN).
Mis à jour le 8 février à 16 h 43 ajout de contexte avec le communiqué du parquet de Bobigny.