A entendre les 1500 personnes sondées par l’institut Harris Interactive, les Français se disent convaincus à 43 % que les responsables politiques seraient corrompus «pour une grande partie d’entre eux», 44 % mettant un bémol : la corruption ne concernerait qu’une «petite partie» d’entre eux. Au total, cela fait quand même beaucoup de sceptiques. Commandé, pour la quatrième fois depuis 2016, par la section française de Transparency International, en partenariat avec la fondation Jean-Jaurès, ce baromètre affiche une relative constance dans la méfiance, passant toutefois sous la barre symbolique des 90 %.
En tête des suspects, députés et sénateurs, qui seraient «très» (25 %) ou «plutôt» (43 %) corrompus, avant même le pouvoir exécutif (30 % et 34 %). En queue, les maires, qui ne seraient «plutôt pas» (46 %) voire «pas du tout» (18 %) corrompus, bénéficiant ainsi de leur sympathique réputation de proximité. Mais, paradoxalement, parmi une dizaine de propositions de comportements déviants, les sondés placent en tête «un maire qui fait modifier le plan local d’urbanisme pour permettre des plus-values immobilières au bénéfice d’un ami»…
A lire aussi
Un tiers de résignés
En queue de peloton, ce cas pourtant très pratique de prise illégale d’intérêt : «Un élu municipal, dirigeant dans une entreprise de bâtiment, qui participe à une réunion ou l’on doit décider du choix de l’entreprise qui va rénover la mairie.» Le baromètre de Transparency International porte bien son nom : il s’agit bien de «perception» de la corruption. Sur les mauvais comportements au quotidien, que les sondés seraient eux-mêmes en situation de commettre, ils placent tout en bas «payer au noir des travaux dans sa maison», qualifié de peu ou pas grave (37 % et 11 %). Et, en tête, la fraude aux prestations sociales, très ou assez grave (55 % et 32 %).
Tout aussi significatif : sur une douzaine de problématiques citoyennes, ils placent la corruption (2 % seulement estiment qu’elle est la plus importante). Loin derrière le pouvoir d’achat, le réchauffement climatique et l’immigration. Mais à la question : «Signaleriez-vous un acte de corruption si vous en aviez connaissance ?» les sondés répondent quand même oui à 68 %, avec toutefois un tiers de résignés. Cela suffit pour mettre du baume au cœur de Patrick Lefas, président de Transparency International France : «En matière de lutte contre la corruption, les Français en veulent plus, considèrent qu’il faut renforcer les moyens de la justice et jugent que les lanceurs d’alerte jouent un rôle encore plus important qu’elle.»