Une mise en scène digne des grandes heures des mouvements indépendantistes corses, et la revendication, originale, de ne rien avoir fait. Le parquet de Marseille annonce ce mercredi 9 octobre avoir ouvert une enquête après que des personnes se présentant comme de membres de la DZ Mafia ont publié une vidéo destinée à réfuter les éventuels liens entre leur organisation criminelle et la mort d’un adolescent de 15 ans ainsi que d’un chauffeur VTC au début du mois. «Une enquête du chef d’association de malfaiteurs en vue de la préparation de crimes et délits relevant de la criminalité organisée», précise le parquet de Marseille dans un communiqué. Les investigations confiées au SIPJ 13 et à l’Office Anti-Cybercriminalité (OFAC) visent à authentifier cette vidéo et identifier les personnes qui en sont à l’origine.
La DZ Mafia, un des principaux gangs de narcotrafic à Marseille, a publié ce mercredi matin une vidéo dans laquelle un homme, tout de noir vêtu et cagoulé, explique avec la voix modifiée que l’organisation n’a «strictement rien à voir ni de près ni de loin» avec les deux morts à Marseille les 2 et 4 octobre, sur fond de violences liées au trafic de stupéfiants. Ces meurtres auraient été commandités par un homme de 23 ans, depuis la maison d’arrêt d’Aix-Luynes (Bouches-du-Rhône). «Cet homme malade et mythomane se faisant passer pour un membre de la DZ Mafia n’a strictement aucun lien avec nous. Nous ne le connaissons pas […] Nous n’avons jamais eu de telles personnes dans notre cercle», ajoute l’homme, entouré par une dizaine d’autres tout de noir vêtu.
Reportage
Si l’enregistrement n’a pas été authentifié à cette heure, ne permettant donc pas d’affirmer que les hommes appartiennent bien au groupe de narcotrafic marseillais, des sources concordantes ont estimé auprès du Parisien qu’il est considéré comme «crédible».
Le fondateur du collectif marseillais Trop jeune pour mourir et porte-parole d’EELV en PACA, Hassen Hammou, a néanmoins jugé dans un message publié sur X «effrayant de constater à quel point ces groupes maîtrisent les codes de la communication». Ce type de communication, inédit dans le milieu de narcobanditisme, était jusqu’à présent plutôt usité dans les milieux terroristes. Le format rappelle notamment la communication du mouvement clandestin du Front de libération nationale corse, à la différence près que les hommes du FLNC apparaissent armés.
Dans le même temps, mercredi, le garde des Sceaux, Didier Migaux, a annoncé une inspection sur le fonctionnement du centre pénitentiaire évoqué dans la vidéo, à Aix-Luynes. «Je souhaite savoir pourquoi tout cela s’est passé», a insisté Didier Migaud. Le ministre a également fait connaître son intention de se «rendre prochainement» à Marseille, une visite qu’il effectuera conjointement avec le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau. Il a en outre assuré que l’examen de la proposition de loi «visant à sortir la France du piège du narcotrafic», déposée au Sénat en juillet, était «seulement reporté». «Je souhaite, comme vous, que nous puissions, avant la fin de l’année, débattre de cette proposition», a-t-il assuré, précisant que ce temps lui permettra d’«expertiser» toutes les mesures prévues par le texte.