Ne pas confondre avec un docufiction, car tout y est vrai, nombreux témoins ou documents à l’appui : l’affaire Bettencourt, revue par Netflix, est surtout très vue depuis quelques jours. Non seulement en France (près de 4 millions à ce jour, selon Netflix), mais aussi en Suisse ou au Luxembourg (deux pays très sensibles à la problématique fiscale). Car le documentaire, en trois chapitres d’une heure, est fort bien troussé. Permettant de découvrir «l’envers du décor chez les ultra-riches», de se «rendre compte que l’argent rend fou, à tous les niveaux.» Où on paie souvent en cash, plus que de raison.
200 millions d’euros en diverses prodigalités
Judiciairement, l’affaire Bettencourt a été définitivement soldée en 2016, par un arrêt de la cour d’appel. Dans le documentaire, le seul protagoniste direct qui témoigne à l’écran est son ancien grand argentier, Patrice de Maistre, le plus lourdement condamné (dix-huit mois de prison ferme). Au départ, une affaire d’abus de faiblesse : le photographe mondain François-Marie Banier étant soupçonné de profiter de la générosité d’une Liliane Bettencourt dont la maladie d’Alzheimer n’avait pas encore été diagnostiquée : 200 millions d’euros en diverses prodigalités, pouvant à l’avenir friser le milliard… A l’écran, Me Georges Kiejman, ancien avocat de la propriétaire de L’Oréal, rappelle qu’elle «avait beaucoup de charme mais sans beaucoup d’occasions de l’exploiter», son mari, André Bettencourt, «ne s’intéressant pas aux femmes : un enfant, point barre». Banier, qui ne figure pas au casting du documentaire, saura en faire son miel. Et s’en sortira finalement bien : quatre ans avec sursis, sans passer par la case prison, avec en sus l’annulation de ses 158 millions de dommages et intérêts à verser à la famille Bettencourt. Il peut donc garder l’argent.
Le docu évoque bien ce moment où «la rivière sort de son lit», où l’affaire Bettencourt bascule de l’abus de faiblesse à une évasion fiscale massive. Révélé par les écoutes de son majordome, Pascal Bonnefoy, le scandale excitera médias et enquêteurs. Le bonhomme ne figure pas non plus au casting, mais ses nombreux enregistrements y trouvent bonne place. Entre ici en scène le magistrat Philippe Courroye, qui a accepté de témoigner face caméra : soupçonné d’avoir sciemment circonscrit l’incendie sur le volet fraude fiscale, mais aussi sur celui visant Nicolas Sarkozy, un temps soupçonné de percevoir des enveloppes de la famille Bettencourt pour financer sa campagne présidentielle de 2007. Dans le documentaire, le juge Courroye paraît surtout s’en prendre à la partie civile : «Je n’avais même pas eu le temps de recevoir ces enregistrements qu’ils étaient déjà dans la presse.»
Arielle Dombasle, une amie de longue date
Il vise ici Françoise Bettencourt Meyers, fille unique de Liliane et future héritière de l’empire du luxe. Elle non plus n’a pas souhaité témoigner sur Netflix, mais elle y dispose d’une sacrée porte-parole : Arielle Dombasle, une amie de longue date de la famille. Qui concède : «J’ai fait le lien entre Liliane et François-Marie.» Selon France Info, elle se serait plainte auprès de la production, jugeant partiaux les extraits de son témoignage mis en ligne. Nonobstant, la série se visionne facilement, même pour les non-initiés.