Pas de légitime défense. La thèse est exclue dans l’ordonnance de mise en accusation des juges, ont fait savoir des sources judiciaires ce vendredi 6 septembre. Le policier ne se trouvait pas sur la trajectoire du fourgon conduit par Jean-Paul Benjamin lorsqu’il a redémarré, en mars 2022 à Sevran (Seine-Saint-Denis), comme l’avait affirmé Libération dès les jours suivants. «En l’absence d’élément de danger immédiat, l’usage d’une arme en direction du conducteur n’est pas absolument nécessaire et est surtout disproportionné face au simple risque de fuite d’une personne soupçonnée du vol d’un bien», précisent les juges.
L’agent de 35 ans sera donc jugé devant la cour criminelle départementale de Seine-Saint-Denis, pour «violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner par une personne dépositaire de l’autorité publique».
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Les faits s’étaient déroulés le samedi 26 mars 2022. Jean-Paul Benjamin, alors âgé de 33 ans, à la tête d’une société de transport de marchandises, est en conflit avec un intermédiaire de la multinationale Amazon pour des factures impayées. Il subtilise vers midi une camionnette pleine de colis à des livreurs. Le fourgon est déclaré volé. Sur les antennes radio de police, l’alerte est donnée.
Une équipe de la Brigade anti-criminalité (BAC) d’Aulnay-sous-Bois repère le véhicule sur la longue avenue Suzanne Lenglen, au trafic dense au moment des faits. L’un des policiers sort de la voiture et se dirige vers le camion. En l’espace de trois secondes, il se place à la hauteur de la portière conducteur de la fourgonnette, recule lorsque le véhicule redémarre et tire.
Pas de comportement dangereux
La balle perfore l’omoplate de Jean-Paul Benjamin, traverse plusieurs organes vitaux et se loge dans le foie. Victime d’une hémorragie interne, le trentenaire décède quelques heures plus tard à l’hôpital.
Durant l’instruction, le brigadier dit avoir craint pour sa vie et celles des piétons, invoquant la légitime défense. Pourtant, d’après l’enquête basée sur les images de vidéosurveillance et les témoignages, Jean-Paul Benjamin n’a pas eu de comportement dangereux pour les piétons et automobilistes. Il est aussi reproché au policier d’être intervenu seul sans avoir attendu les renforts.