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Libération
Interview

«Si le détenu est broyé par la prison, qu’est-ce que la société aura gagné ?» Une directrice d’établissement alerte face à la surpopulation carcérale

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Alors que les maisons d’arrêt débordent, la secrétaire nationale FO-Direction et patronne de la prison de Baie-Mahault (Guadeloupe), Valérie Mousseeff, décrit un quotidien intenable et appelle à réfléchir sur la place de la détention dans la société.
«L’incarcération doit arrêter d’être présentée comme la solution à tous les problèmes de la société.» (Gabriel Bouys/AFP)
publié le 1er août 2025 à 10h32

Directrice pénitentiaire depuis vingt ans, Valérie Mousseeff est à la tête de la prison de Baie-Mahault, la plus grande de Guadeloupe. Elle a accepté de parler à Libération en tant que secrétaire nationale FO-Direction (syndicat majoritaire des directeurs des services pénitentiaires) sur le défi majeur posé par la surpopulation, alors que les chiffres publiés jeudi 31 juillet attestent d’un nouveau record, portant le nombre de détenus à près de 85000 personnes.

A quelle situation êtes-vous confrontée ?

La situation de ce début d’été n’a jamais été aussi compliquée. Les signaux d’alerte sont réels et maximaux : on ne peut plus faire face aux flux d’entrants. Les prisons sont en train de craquer. La surpopulation, c’est vraiment le nœud gordien de la prison. Elle fait dysfonctionner toutes nos procédures. Les conséquences de ne pouvoir affecter des personnes seules en cellule sont nombreuses. Et la gestion de la surpopulation mobilise et use toute notre énergie au quotidien, là où on devrait la consacrer à la prévention de la récidive et des violences.

Quelle est la réalité derrière les chiffres