La salle des grands procès glissait doucement vers une torpeur certaine après l’exposé touffu et fastidieux de l’enquêteur «Sdat 200», lorsqu’elle a été saisie par la bande-son insoutenable de la prise d’otage du Super U, le 23 mars 2018. Au troisième jour du procès des attentats de Carcassonne et de Trèbes, la cour d’assises spécialement composée de Paris a diffusé l’enregistrement audio des échanges entre le terroriste Radouane Lakdim et le négociateur du GIGN, jusqu’à l’assaut des forces de l’ordre. Des négociations brèves et vaines, laissant rapidement place aux soupirs d’agonie du lieutenant-colonel Arnaud Beltrame lequel, dans un élan certes non protocolaire, mais héroïque, avait pris la place d’une caissière retenue par l’assaillant.
Il est 17h21, ce mercredi 24 janvier, lorsque le président Laurent Raviot lance l’enregistrement. L’audio dure seize minutes. Il va progressivement plonger la salle d’audience dans l’effroi et l’incompréhension. Le lieutenant-colonel et le terroriste sont enfermés en tête à tête depuis maintenant trois heures, lorsque le GIG