Menu
Libération
Polémique

Soirée de tensions en Corse, des violences près de casernes de CRS à Bastia et Ajaccio

A Bastia, deux personnes parmi les forces de l’ordre ont été blessées légèrement à la main. Les pompiers ont fait état de quelques blessés légers chez les manifestants. A l’origine de cette poussée de fièvre, la diffusion d’une vidéo où des CRS chanteraient la Marseillaise le jour des obsèques d’Yvan Colonna.
Manifestation devant une caserne de CRS, dimanche à Furiani près de Bastia. (Pascal Pochard-Casabianca/AFP)
publié le 28 mars 2022 à 7h20

Deux rassemblements rapidement émaillés d’échauffourées se sont tenus dimanche devant deux casernes près de Bastia et à Ajaccio, à l’appel d’organisations indépendantistes qui accusent des CRS d’avoir chanté la Marseillaise le jour des obsèques du militant Yvan Colonna.

Selon les informations de Libération, les vidéos montrent bien le cantonnement de CRS de Furiani, dans le nord de l’île, près de Bastia. Mais on ne sait pas ce qu’on y voit exactement. On y entend bien une Marseillaise chantée par des voix masculines, mais sans accéder aux fichiers vidéo originaux, impossible de s’assurer que le son n’est pas un montage, ou de connaître l’heure exacte où elles ont été enregistrées.

Un témoin interrogé par Corse Matin assure toutefois que les forces de l’ordre ont bien chanté l’hymne français, mais aussi d’autres chansons, au moment des obsèques du nationaliste, triplement condamné pour l’assassinat du préfet Claude Erignac en 1998.

Ces appels à manifester avaient été lancés par les mouvements indépendantistes Core in Fronte, Corsica Libera (minoritaires à l’Assemblée de Corse) et des syndicats étudiants nationalistes, principaux moteurs de cette mobilisation intervenue après le décès d’Yvan Colonna, agressé en prison alors qu’il purgeait une peine à perpétuité pour l’assassinat du préfet Claude Erignac en 1998.

Devant la caserne de Furiani, au sud de Bastia, au moins 500 personnes s’étaient déplacées. Peu après le début du rassemblement en début de soirée, quelques dizaines de jeunes ont secoué les grilles du cantonnement, allumé un feu, provoquant des tirs de gaz lacrymogènes de la part des CRS.

Des «comptes» demandés au gouvernement

Ensuite, une cinquantaine de manifestants encagoulés a jeté des pierres, des fumigènes et cocktails Molotov vers les forces de l’ordre. Ils n’étaient plus qu’une poignée vers 21 heures. Une pancarte en corse «Francesi di merda» (Français de merde) a également été accrochée et un drapeau français brûlé.

Deux personnes parmi les forces de l’ordre ont été blessées légèrement à la main, a indiqué à l’AFP la préfecture de Haute-Corse. Les pompiers ont fait état de quelques blessés légers chez les manifestants.

A Ajaccio, quelque 200 personnes se sont également retrouvées devant la caserne d’Aspretto. Certains manifestants ont allumé un feu devant le portail entraînant une réplique des forces de l’ordre avec grenades lacrymogènes et canon à eau. La dispersion a eu lieu peu après 20 heures.

Depuis samedi, les milieux nationalistes s’indignent sur les réseaux sociaux d’une vidéo prétendument tournée au sein du cantonnement de CRS de Furiani le jour des obsèques où l’on entend une Marseillaise sans distinguer les personnes présentes. Le député corse Jean-Félix Aquaviva (groupe Libertés et territoires) a demandé «des comptes au gouvernement».

Le parti autonomiste Femu a Corsica du président du conseil exécutif de Corse Gilles Simeoni, qui n’a toutefois pas appelé à manifester, a dénoncé une «haine coloniale à l’état pur». «Il y a deux mondes et quand il y a une fracture sociologique aussi forte, il y a peut-être besoin d’avoir des séparations de fait», a réagi dans la manifestation de Furiani Paul-Félix Benedetti, leader indépendantiste de Core in Fronte.

Le service d’information et de communication de la police (Sicop) n’a pas souhaité faire «de communication sur cette vidéo».

Selon une source syndicale policière interrogée par l’AFP, «cette compagnie était en repos et ils ont mangé à l’extérieur car la météo s’y prêtait. Comme d’ordinaire, ils ont entonné de nombreux chants dont La Marseillaise, mais sans rapport avec les obsèques d’Yvan Colonna».

Une autre source syndicale a indiqué : «Les chants sont réels mais aucune connotation sur quoi que ce soit», et une autre source locale ayant affirmé qu’aucune parole contre Yvan Colonna n’a été entendue.