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Libération
Harcèlement

Somme : un enfant de 11 ans martyrisé en colonie de vacances, sa mère porte plainte pour «violences aggravées»

Originaire de Oissy (Somme), Jean a passé une semaine en colonie de vacances à Camaret-sur-mer en Bretagne. A son retour, il a fini par révéler que trois autres enfants l’avaient frappé tout au long du séjour. Sa mère a porté plainte pour «violences aggravées» samedi 31 août.
Le port de Camaret-sur-Mer dans le Finistère où l'adolescent était en colonie de vacances du 23 au 29 août. (Stéphane Compoint/Bureau233)
publié le 2 septembre 2024 à 12h55
(mis à jour le 2 septembre 2024 à 14h40)

«Quand j’ai récupéré Jean à la descente du bus, il a sauté dans les bras de sa grande sœur», se remémore Cécile Lemaire. Son fils est parti en colonie de vacances du 23 au 29 août dans la commune de Camaret-sur-Mer (Finistère). Un séjour pendant lequel le garçon de 11 ans explique avoir subi des violences et du harcèlement de la part de trois autres enfants du même âge. À son retour, il porte des lunettes de soleil pour tenter de camoufler un coquard et refuse d’expliquer à sa mère ce qui vient de lui arriver.

En inspectant le corps de son fils, Cécile découvre des bleus «sur ses bras, ses jambes, son dos, son ventre». «Une petite fille est intervenue pour me dire que ça n’est pas de sa faute», explique-t-elle à Libé. Dans un post sur Facebook, elle indique n’avoir eu «aucune explication des animateurs sous prétexte que Jean n’était pas dans leur groupe» et dénonce l’incompétence des encadrants de l’organisme EJ’N, mandatée par la Communauté de communes Sommes Sud Ouest (CC2SO) pour organiser la colonie comprenant une centaine d’enfants.

Jean finira par se confier à ses cousins lors d’un trajet en voiture : «j’apprends qu’il a été réveillé tous les matins par des claques, que les coups de claquettes continuaient le midi et le soir», explique sa mère. Selon elle, son fils a également été menacé de mort : «de toute façon, si tu parles, tu es un homme mort». Si son calvaire se passe majoritairement dans la chambre, il continue jusque dans les douches, que Jean décrit comme n’étant pas surveillées. Le jeune garçon révèle ne pas s’être lavé tous les jours pour éviter les sévices. «Un soir, ils l’ont mis à quatre pattes et ont essayé de lui retirer son pantalon», s’étrangle Cécile. Son fils explique avoir réussi à se débattre et à fuir : «il s’est caché dans un buisson. Ce soir-là, il n’a pas mangé et personne ne s’est aperçu qu’il n’était pas à table».

Une enquête interne

La mère de l’enfant, assure à Libé avoir demandé des explications dans un mail adressé à EJ’N dès le jeudi 29 août. «Je n’ai toujours pas eu de réponse», s’emporte-t-elle ce lundi 2 septembre. Elle explique s’être rendue chez son médecin traitant puis aux urgences le 30 août, au lendemain du retour de son fils, pour consulter deux médecins différents, avant d’aller déposer plainte à la gendarmerie de Poix-de-Picardie pour «violences aggravées» le samedi 31 août. Son fils, «marqué psychologiquement», a fait sa première rentrée au collège ce lundi.

Ce même jour, le directeur général d’EJ’N Jérôme Vasseur confirme qu’une enquête interne est en cours dans sa structure et que les encadrants en charge de Jean doivent être entendus. «Pour l’instant, on est en train de regarder en interne. On n’a pas d’explications, car l’enfant n’est pas venu se plaindre», explique-t-il. Et d’ajouter à propos du coquard : «On a des photos de lui en activité voile, où il n’est pas marqué, on essaye de savoir quand il a reçu ce coup».

Aussi, Jérôme Vasseur exprime un certain scepticisme sur le fait que Jean ait pu sauter un repas, d’autant plus que le nombre d’encadrants à Camaret-sur-Mer était supérieur aux obligations légales : «ça me paraît presque impossible. Si une assiette est seule, on voit forcément qu’il manque quelqu’un».

L’association communiquera - notamment avec la mère de famille - avec «des éléments précis» à la suite de son enquête. Sans remettre en cause la parole de Jean, le dirigeant se dit surpris que de tels actes aient pu se produire lors de cette colonie : «le directeur du séjour a vraiment beaucoup d’expérience». Selon lui, «il n’y a pas de défaut de recrutement, ce qui ne garantit pas de défaut de surveillance».

Mise à jour : le 2 septembre à 14 h 20, ajout du lieu du dépôt de plainte.