L’apaisement plutôt que le retour d’une douloureuse affaire sous les projecteurs. Les parents de Krisztina Rady, l’épouse de Bertrand Cantat retrouvée pendue chez elle en 2010, s’opposent à l’enquête sur «d’éventuels faits de violences volontaires» commis par leur ex-gendre rouverte fin juillet par le parquet de Bordeaux, a indiqué vendredi 1er août leur avocat. Une décision que le procureur de Bordeaux Renaud Gaudeul a motivée par les nouveaux éléments apparus dans un récent documentaire sur Netflix consacré au chanteur de Noir Désir, condamné en 2003 pour le meurtre de Marie Trintignant.
Cette décision intervient alors que quatre procédures sur les circonstances de la mort de Krisztina Rady ont déjà été ouvertes et classées sans suite : la première après son décès au domicile conjugal à Bordeaux début 2010, puis en 2013, 2014 et 2018.
Justice
«Aujourd’hui, les parents souhaitent l’apaisement et ne comprennent pas l’acharnement concernant ce dossier, notamment en prétendant que leur gendre aurait commis un suicide forcé», explique Me Tibor-Louis Leh dans un communiqué transmis à l’AFP. Le conseil fait notamment référence au documentaire De rockstar à tueur : le cas Cantat, mentionné par le procureur, et «particulièrement à charge», selon lui.
«Les causes du suicide sont multiples»
Le film évoque une lettre d’adieu de Krisztina Rady, dévoilée en 2018 par un avocat de Bertrand Cantat sur le plateau de BFM et remise au goût du jour cette semaine par Paris Match, où elle écrit : «Merci aux cris incessants et aux accusations de Bertrand, dépositaire exclusif de souffrance.» Mais elle cite également deux autres hommes, «lamentables petits caporaux», et deux femmes qui l’ont fait «souffrir».
Me Leh évoque également une autre lettre d’adieu, en possession des parents, laquelle «ne fait aucune allusion à Bertrand Cantat» mais mentionne «un contentieux financier d’ordre professionnel». Le documentaire mentionne également une expertise médico-légale faisant état d’un passage de Krisztina Rady à l’hôpital, où elle est venue «faire constater des blessures suite à une altercation avec son conjoint».
Après la mort de Krisztina, ses parents ont évoqué à plusieurs reprises la «violence» de Cantat, qui «d’une certaine manière, terrorisait» leur fille. Mais dès 2013, ils se sont dit, par le biais de leur avocat, convaincus que le chanteur «n’est vraisemblablement pas la seule personne impliquée» et «qu’il y a beaucoup d’autres raisons complexes pour lesquelles elle s’est suicidée». «Les causes du suicide sont multiples», a martelé Me Leh vendredi.
Une plainte déposée en 2010
Krisztina Rady, femme de lettres, de théâtre et traductrice, avait rencontré Bertrand Cantat en 1993, lors d’un festival à Budapest. Marié en 1997, le couple a eu deux enfants et n’a jamais divorcé même s’il s’est séparé lors de la naissance de leur fille, après la rencontre entre le chanteur et Marie Trintignant. Krisztina Rady avait apporté un soutien inconditionnel à Bertrand Cantat lors de son procès en Lituanie pour le meurtre de l’actrice, pour lequel il a été condamné à huit ans de prison.
Avec la réouverture du dossier, l’avocate de François Saubadu, dernier conjoint de Krisztina Rady, Yael Mellul, a expliqué souhaiter que le parquet reprenne les termes de la plainte qu’elle avait formulée à l’époque du suicide de la compagne de son client. Faute de pouvoir s’appuyer sur le suicide forcé, qui n’existait pas à l’époque en droit et n’est pas rétroactif, elle avait déposé plainte pour «violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner».