«Au total 17 personnes avaient été placées en garde à vue au cours de ces trois derniers jours. A cette heure, toutes ont été remises en liberté. Aucune de ces personnes n’a été présentée devant le magistrat instructeur», explique à Libération Jean-Luc Blanchon, procureur de la République d’Aix-en-Provence. Deux devraient être convoquées ultérieurement devant un juge d’instruction.
La vague de gardes à vue avait été décidée par la sous-direction antiterroriste (SDAT) le 20 juin, soit la veille de la dissolution des Soulèvements de la terre en conseil des ministres. Les arrestations avaient eu lieu dans les milieux militants radicaux et écologistes, proches du mouvement. Elles étaient liées à une opération menée le 10 décembre contre la cimenterie Lafarge de Bouc-Bel-Air, près de Marseille, par des activistes écologistes et soutenue par les Soulèvements de la Terre. Il s’agit de la deuxième vague de gardes à vue dans cette affaire. Huit avaient déjà été levées jeudi matin, suite aux interpellations qui avaient notamment visé des personnes installées dans l’ancienne ZAD de Notre-Dame-des-Landes (Loire-Atlantique), où le collectif des soulèvements de la terre s’était constitué en janvier 2021.
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Les personnes interpellées étaient soupçonnées de «dégradation en bande organisée par moyen dangereux», «dégradation en réunion» et «association de malfaiteurs», suite à une action menée en décembre 2022 à Bouc-Bel-Air (Bouches-du-Rhône) contre une cimenterie Lafarge, entreprise visée car étant considérée comme un «gros pollueur». Parmi elles figurait notamment un militant d’EELV employé à la ville de Marseille, dont le parti écologiste avait dénoncé l’interpellation, et un photojournaliste qui effectuait un travail documentaire au long cours sur le collectif SLT. Le 5 juin, une quinzaine de militants avaient été interpellés par un dispositif policier hors norme dans huit communes. Ils avaient finalement tous été relâchés.
Le samedi 10 décembre 2022, plusieurs dizaines d’activistes vêtus de combinaisons blanches à capuche avaient pris pour cible cette cimenterie du groupe Lafarge, y occasionnant d’importants dégâts. Dans une vidéo de l’opération, postée sur plusieurs sites, on voyait des membres du groupe s’en prendre à une caméra de surveillance à coups de marteau ou à un tuyau à coups de hachette et ce qui semblait être des débuts d’incendies dans des camions stationnés. Après l’intervention de ces activistes, les Soulèvements de la terre avaient apporté leur soutien à l’action «contre le géant écocidaire du béton» sans pour autant la revendiquer.