Le sénateur Joël Guerriau, soupçonné d’avoir drogué la députée Sandrine Josso afin de l’agresser sexuellement, a été interrogé mardi 24 septembre, notamment sur des recherches suspectes retrouvées dans son téléphone, a appris l’AFP ce mercredi 25 septembre de sources proches du dossier. «Drogue et viol», «effets de l’ecstasy GHB» (gamma-hydroxybutyrate, surnommé «drogue du violeur»), «GHB effets lendemain», «point de vente GHB»… L’expertise du téléphone de Joël Guerriau a révélé que le sénateur avait recherché sur Google des informations autour du viol et des drogues, le 9 octobre, un peu plus d’un mois avant les faits dénoncés par Sandrine Josso, d’après des éléments de l’enquête dont l’AFP a eu connaissance.
«Joël Guerriau réserve uniquement ses explications à la justice», ont réagi ses avocats Henri Carpentier et Marie Roumiantseva, sans confirmer la teneur de son interrogatoire devant la juge d’instruction. C’était la première fois qu’il était interrogé sur le fond depuis sa mise en examen le 17 novembre 2023. Joël Guerriau a été entendu pendant plusieurs heures sur cette affaire qui a mis en lumière le fléau de la soumission chimique jusque dans les hautes sphères des élus politiques.
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«Un sachet blanc dans la main»
Le sénateur de Loire-Atlantique, placé sous contrôle judiciaire, avait été suspendu dans la foulée de son parti Horizons et de son groupe parlementaire. Il a rencontré ce mercredi le président du Sénat. Dans un premier temps, il espérait revenir à la haute assemblée mais dans un communiqué à l’AFP envoyé en fin de journée mercredi, il dit avoir décidé de se mettre «en retrait de la participation aux travaux parlementaires» pour «préserver la sérénité» du Sénat.
A Gérard Larcher qui lui a demandé de démissionner, il a indiqué qu’il ne siégerait «plus jusqu’à nouvel ordre», acceptant de «se mettre en retrait de ses fonctions» exécutives. Joël Guerriau occupait le poste de Secrétaire du Sénat ainsi que celui de vice-président de la commission des Affaires étrangères, fonctions pour lesquelles il a accepté de se mettre en retrait.
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Entendue en mars, Sandrine Josso avait raconté aux juges d’instruction avoir été invitée chez Joël Guerriau pour célébrer la réélection de son «ami politique» qui l’a incitée à «boire vite» et a adopté un «comportement bizarre», éteignant et rallumant plusieurs fois la lumière. Lui avait expliqué en garde à vue avoir fait un «tour de magie».
D’après un rapport policier, datant de juillet, elle présentait 388 ng /ml d’ecstasy dans le sang en sortant de chez Joël Guerriau – une dose bien supérieure à la quantité dite récréative. L’analyse montrait aussi une absence totale de stupéfiants pendant les sept mois qui ont précédé le soir des faits. Prise de «sortes de décharges» dans le cœur, Sandrine Josso dit avoir vu Joël Guerriau avec «un sachet blanc dans la main». «Terrorisée», elle avait alors commandé un taxi, sans qu’il n’y ait eu de contact physique avec le sénateur.
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Lors de sa garde à vue, Joël Guerriau avait argué d’épreuves personnelles, dont la mort de son chat et la maladie d’un proche, qui l’auraient incité à se procurer un «euphorisant» auprès d’un autre sénateur. «Il est possible qu’il y en ait eu au fond du verre que je lui ai servi», avait-il avancé, évoquant une «erreur de manipulation» des coupes de champagne.