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#MeToo cinéma

Le cinéaste Benoît Jacquot mis en examen pour viols

Violences sexuellesdossier
Le cinéaste a été, ce mercredi, mis en examen pour viols sur les actrices Julia Roy et Isild Le Besco et placé sous contrôle judiciaire. Il était en garde à vue depuis lundi à la Brigade de protection des mineurs.
Benoît Jacquot à Paris, en février 2018. (Franck Ferville / Agence VU/Franck Ferville / Agence VU)
publié le 3 juillet 2024 à 12h18
(mis à jour le 3 juillet 2024 à 20h24)

Le cinéaste Benoît Jacquot a été mis en examen mercredi pour viols sur les actrices Julia Roy, en 2013, et Isild Le Besco, entre 1998 et 2000, et placé sous contrôle judiciaire, a indiqué le parquet de Paris. A l’issue de deux jours de garde à vue, le septuagénaire a également été mis en examen pour violences volontaires et agression sexuelle sur Julia Roy. La juge d’instruction l’a aussi placé sous le statut plus favorable de témoin assisté pour viols conjugaux sur Julia Roy en 2007 et sur Isild le Besco entre 2014 et 2018.

Plus tôt ce mercredi, Benoît Jacquot avait été présenté à la justice au terme de 48 heures de garde à vue, tandis que Jacques Doillon, également accusé par l’actrice, avait été relâché «pour des raisons médicales», mardi 2 juillet, selon des sources proches du dossier. S’il a été relâché sans suites à ce stade, le ministère public doit encore définir «les modalités des suites à donner» le concernant. Son avocate n’a pas souhaité commenter cette décision.

Lundi matin, les deux cinéastes avaient été convoqués avec leurs avocates à la Brigade de protection des mineurs (BPM) et placés en garde à vue. Ils étaient entendus dans le cadre d’une enquête du parquet de Paris ouverte pour viol sur mineur de 15 ans par personne ayant autorité, viol, violences par concubin, et agression sexuelle sur mineur de plus de 15 ans par personne ayant autorité.

Les avocates de Benoît Jacquot, Me Julia Minkowski, et de Jacques Doillon, Me Marie Dosé, avaient dénoncé l’atteinte à la présomption d’innocence de leurs clients et le cadre de leur audition. Jacques Doillon «aurait dû être entendu dans le cadre d’une audition libre au vu de l’ancienneté des faits, de leur prescription acquise depuis plus de deux décennies, et de l’inéluctable classement sans suite qui clôturera cette enquête», avait souligné Me Dosé. Me Minkowski avait, elle, déploré «l’ensemble de ces dysfonctionnements de la justice, à la faveur d’une ultramédiatisation qui emporte des dérives inadmissibles».

Une relation d’«emprise» et de «perversion»

Cette enquête – qui a mis en ébullition le cinéma français dès le début de l’année et ébranlé la cérémonie des césars, mais aussi le Festival de Cannes – avait été déclenchée après la plainte déposée par Judith Godrèche. Début février, l’actrice de 52 ans avait accusé publiquement Benoît Jacquot de viols puis Jacques Doillon d’agression sexuelle, déclenchant une nouvelle tempête dans le #MeToo du cinéma français.

Benoît Jacquot et la comédienne, alors âgée de 14 ans, ont débuté leur relation au printemps 1986. Ils ont vécu ensemble, achetant un appartement dans Paris, jusqu’à leur séparation en 1992. L’actrice a évoqué une relation d’«emprise» et de «perversion» avec le cinéaste de 25 ans son aîné. S’agissant de Doillon, l’actrice l’accuse le cinéaste de lui «avoir mis les doigts dans la culotte» pendant des essais pour un film sorti en 1989. Elle avait alors 15 ans et était en couple avec Benoît Jacquot.

Deux autres actrices ont porté plainte contre Benoît Jacquot : Julia Roy, 42 ans de moins que lui, pour agression sexuelle dans un «contexte de violences et de contrainte morale qui a duré plusieurs années», d’après une source proche du dossier. Isild Le Besco a également déposé plainte fin mai pour viols sur mineure de plus de 15 ans et viols, qui auraient été commis entre 1998 et 2007. Cette dernière a également déclaré avoir dû subir les avances de Jacques Doillon pendant des séances de travail, tandis que l’actrice Anna Mouglalis a accusé le cinéaste de l’avoir embrassée de force à son domicile en 2011.

Mise à jour : à 20 heures 20 avec la mise en examen de Benoît Jacquot.