Après le statut, le salaire, les primes et les avancements de carrière qui vont avec. En février, Eric Dupond-Moretti avait annoncé faire passer le corps des surveillants pénitentiaires en catégorie B de la fonction publique et celui des officiers en catégorie A. Les syndicats avaient salué l’initiative et demandé une revalorisation salariale. C’est chose faite : en 2024, les agents gagneront en moyenne 216 euros de plus par mois (par rapport au 1er janvier 2022), quand la prime d’indemnisation pour charges pénitentiaires sera doublée, pour passer de 1 869 euros annuels à 3 835 euros en 2026.
«C’est une avancée historique car depuis longtemps réclamée et totalement méritée, vous qui incarnez la troisième force de sécurité de notre pays», avait plaidé Eric Dupond-Moretti devant la 215e promotion de l’Ecole nationale d’Administration pénitentiaire (Enap), en février. La réforme portée par le ministre de la Justice vise à rendre plus «attractifs» les métiers exercés dans le système carcéral, alors que 15 000 nouvelles places de prison ont été annoncées d’ici à 2027, et que les recrutements patinent.
Le syndicat FO Justice salue une victoire «historique» et une «avancée majeure», tout en précisant que «concernant le corps de commandement et son passage de [la catégorie] B en A, les négociations se poursuivent et devraient aboutir fin août ou début septembre», afin d’en fixer les modalités.
Recrutement de contractuels
En déplacement à Valence, le garde des Sceaux a également vanté l’accélération de l’avancement de carrière dû à l’ancienneté, avec un passage du premier au troisième grade en neuf ans, contre treize aujourd’hui. La mesure concerne 28 000 des quelque 40 000 agents pénitentiaires. En janvier 2019, l’évolution statutaire avait été refusée par la garde des Sceaux Nicole Belloubet au motif qu’elle «aurait pour effet d’interdire le recrutement (comme surveillants) de personnes n’ayant pas le baccalauréat», diplôme indispensable pour être candidat à un poste de catégorie B. Environ un tiers des surveillants de prison actuels n’ont pas ce diplôme, selon le ministère.
La loi pour la réforme de la justice, votée le 18 juillet, va aussi permettre de recruter, à partir de 2024, des agents contractuels en catégorie C pour «seconder» les titulaires. Une mesure qui, cette fois-ci, ne réjouit pas tout le monde. Le syndicat Ufap-Unsa a dénoncé, dans un communiqué du 13 juillet, la «véritable honte» de ces «contrats de trois ans, renouvelables une fois, sans perspective de carrière et sous-payés». Le ministère de la Justice défend au contraire un palliatif au manque de main-d’œuvre, et souligne que les contractuels auront la possibilité de passer un concours interne pour devenir agent pénitentiaire.