Ils entendent poursuivre le combat judiciaire. Le parquet général de Nancy et la mère de Lucas, l’adolescent qui s’est suicidé le 7 janvier dernier dans les Vosges, ont annoncé ce lundi 13 novembre se pourvoir en cassation après la relaxe de quatre collégiens accusés de l’avoir harcelé. Le collégien de 13 ans avait mis fin à ses jours après avoir écrit un mot exprimant sa volonté de se suicider. Dans la foulée, ses proches avaient dénoncé des faits de harcèlement, révélant les moqueries et insultes à caractère homophobe dont Lucas s’était dit victime de la part d’élèves de son collège.
La cour d’appel de Nancy a relaxé le 6 novembre les quatre adolescents poursuivis pour des faits de «harcèlement ayant entraîné le suicide» de Lucas. En première instance, le tribunal avait reconnu les quatre mineurs coupables de harcèlement, mais sans retenir le lien de causalité entre ces faits et le suicide de Lucas. La relaxe des quatre mineurs avait entraîné le rejet de la demande de dommages et intérêts formulée par la famille de Lucas. Son avocate, Me Catherine Faivre, a indiqué avoir formé un pourvoi sur les dispositions civiles.
La décision de la Cour d’appel : «un choc» pour la mère de l’adolescent
La cour d’appel, dans sa décision, a relevé le caractère «odieux» de propos qui avaient été tenus par les prévenus, deux garçons et deux filles, «entre le 1er septembre 2022 et début octobre 2022», mais elle souligne «l’absence d’effet démontré» de ces propos «sur la santé mentale de Lucas», et pointe l’absence de «lien de causalité» avec le suicide du collégien, survenu plusieurs semaines plus tard, le 7 janvier 2023.
Cette décision avait constitué «un choc» pour la mère de Lucas, selon Me Faivre. «Le système judiciaire aujourd’hui ne répond pas à la réalité vécue par les victimes de harcèlement scolaire qu’il convient de protéger», avait-elle déploré.
Le drame avait soulevé une vague d’émotion et suscité plusieurs réactions politiques. «Quand un enfant met fin à ses jours, il n’y a pas de mots pour dire le chagrin, la douleur», avait déclaré au Sénat Pap Ndiaye, alors ministre de l’Education nationale, visiblement ému. A Epinal début février, plusieurs centaines de personnes avaient participé à une marche blanche en mémoire du jeune garçon.