Menu
Libération
Prison

Surpopulation carcérale : 78 969 détenus en France, un nouveau record

Selon les chiffres du ministère de la Justice parus lundi 30 septembre, le nombre de détenus est plus élevé que jamais. Plus de 3 000 d’entre eux sont contraints de dormir sur un matelas posé au sol.
La prison de Fleury-Merogis, le 31 décembre 2023. (Cyril Zannettacci/Vu pour Libération)
publié le 1er octobre 2024 à 8h59

Il n’y a jamais eu autant de prisonniers en France. Le nombre de détenus a atteint un nouveau record au 1er septembre, avec 78 969 personnes incarcérées contre 78 397 le mois précédent, selon des chiffres du ministère de la Justice publiés lundi 30 septembre. La densité carcérale globale s’établit désormais à 127,3 % mais dans les maisons d’arrêt, où sont incarcérés les détenus en attente de jugement et donc présumés innocents, et ceux condamnés à de courtes peines, elle se hisse à 153,6 %. Elle atteint ou dépasse même les 200 % dans 17 établissements ou quartiers.

Les chiffres avaient connu un léger repli le 1er août après dix mois de hausse, une baisse habituelle en raison de la diminution de l’activité judiciaire en été. Le précédent record de détenus était de 78 509 le 1er juillet dernier. Parmi les personnes incarcérées, 20 563 sont des prévenus, en détention dans l’attente de leur jugement définitif. Au total, 94 906 personnes étaient placées sous écrou au 1er septembre. Parmi elles, on compte 15 937 personnes non détenues faisant l’objet d’un placement sous bracelet électronique ou d’un placement à l’extérieur.

La France, mauvaise élève en Europe

Au 1er septembre, 3 609 détenus étaient contraints de dormir sur un matelas posé au sol, contre 2 361 un an plus tôt, et les prisons françaises comptaient 62 014 places opérationnelles. La France figure parmi les mauvais élèves en Europe en termes de surpopulation carcérale, en troisième position derrière Chypre et la Roumanie, selon une étude publiée en juin par le Conseil de l’Europe.

Des mesures ont pourtant été prises pour tenter de remédier à ce problème, telles que l’interdiction des peines de prison de moins d’un mois, l’aménagement des peines ou encore le développement de travaux d’intérêt général. Mais celles-ci s’avèrent insuffisantes. Le 15 mai dernier, le rapport annuel de la Contrôleure générale des lieux de privation de liberté faisait un constat désolant sur l’état du milieu carcéral et sur la prise en charge de ses occupants.

Le précédent gouvernement envisageait aussi la construction de 18 000 places de prison d’ici à 2027 pour porter la capacité à 78 000 places opérationnelles. Outre le fait que cet objectif a pris un sérieux retard et semble déjà obsolète au vu de la situation, de nombreux acteurs et observateurs estiment que cela ne résorbera pas le problème.