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Prisons

Surpopulation carcérale : la France atteint encore un triste record avec 77 880 détenus

Le nombre de détenus en France a atteint un nouveau record au 1er juin, avec 77 880 personnes incarcérées contre 77 647 le mois précédent. Des chiffres qui témoignent des effets peu concluants des mesures visant à diminuer cette population carcérale.
Des détenus dans la prison de Villepinte (Seine-Saint-Denis), le 15 mai 2024. (Denis Allard/Libération)
publié le 28 juin 2024 à 16h08

De mois en mois, la surpopulation carcérale ne cesse de battre des records. Le nombre de détenus en France a encore progressé, avec 77 880 personnes incarcérées au 1er juin contre 77 647 le mois précédent, selon des chiffres publiés ce vendredi 28 juin par le ministère de la Justice. C’est le neuvième mois consécutif de hausse de la population carcérale, qui a progressé de 5,7 % en un an.

Dans le même temps, au 1er juin, les prisons françaises comptaient 61 694 places opérationnelles. La densité carcérale globale s’établit ainsi à 126,2 %. Les maisons d’arrêt, où sont incarcérés les détenus en attente de jugement et présumés innocents, et ceux condamnés à de courtes peines, atteignent 151 %. Elle atteint ou dépasse même les 200 % dans 16 établissements ou quartiers. En raison de cette surpopulation, 3 322 détenus sont contraints de dormir sur un matelas posé au sol, contre 2 336 il y a un an.

Selon une étude publiée le 6 juin par le Conseil de l’Europe, la France fait partie des - tristes - champions en la matière : elle se trouve sur la troisième marche du podium de la surpopulation carcérale en Europe, derrière Chypre (166 %) et la Roumanie (120 %), même si le Conseil souligne que les comparaisons entre différents systèmes doivent être menées avec beaucoup de précautions.

«La France fait partie des pays dans lesquels les dynamiques sont les plus néfastes», confirme Florence Laufer, directrice du site international d’informations Prison Insider.

L’exemple allemand

Les mesures prises, comme l’interdiction des peines de prison de moins d’un mois, l’aménagement des peines ou encore le développement du travail d’intérêt général n’ont pas permis de remédier au problème. Par ailleurs, l’objectif du gouvernement de construire 18 000 places de prison d’ici à 2027 a pris un sérieux retard et surtout, d’après de nombreux observateurs, ne résoudra pas non plus la question.

Alors pour avoir des réponses et solutions, certains observateurs, comme Dominique Simonnot, la Contrôleuse générale des lieux de privation de liberté (CGLPL), préfèrent regarder vers les voisins européens, comme l’Allemagne : avec une densité carcérale de 80,1 % selon les chiffres du Conseil de l’Europe, le pays, qui comptabilisait au total 58 098 détenus au 31 janvier 2023, est souvent présenté comme un bon élève.