De record en record. Le nombre de détenus en France a atteint un nouveau plafond historique au 1er avril, avec 77 450 personnes incarcérées, soit 4 370 de plus que l’année précédente, selon des chiffres publiés ce mardi 30 avril par le ministère de la Justice. C’est le chiffre de détenus le plus élevé jamais enregistré, alors que, à la même date, les prisons françaises comptaient seulement 61 570 places opérationnelles.
La densité carcérale s’établit désormais à 125,8 %. Mais dans les maisons d’arrêt, où sont incarcérés les détenus en attente de jugement, et donc présumés innocents, et ceux condamnés à de courtes peines, elle atteint 150,4 %. Aucun numerus clausus n’est en effet imposé aux maisons d’arrêt, contrairement aux établissements pour peine, maisons centrales et centres de détention. Cette densité carcérale hors-norme atteint ou dépasse même les 200 % dans 17 établissements ou quartiers. A la maison d’arrêt de Tours, la surpopulation carcérale atteignait par exemple plus de 200 % en février dernier.
Interview
En raison de cette surpopulation, l’administration pénitentiaire constate une très forte augmentation de personnes contraintes de dormir sur un matelas au sol faute de place. Au 1er avril, 3 307 détenus dormaient au sol, sans lit en bonne et due forme, contre 2 151 il y a un an. En une année, la population carcérale a ainsi augmenté de 6 %.
Le Conseil de l’Europe «profondément préoccupé»
Au total, 94 643 personnes étaient placées sous écrou au 1er avril. Parmi elles, on compte 17 193 personnes non détenues faisant l’objet d’un placement sous bracelet électronique ou d’un placement à l’extérieur.
Face à cette surpopulation carcérale chronique, véritable fléau, le Conseil de l’Europe a exprimé à la mi-mars sa «profonde préoccupation». Les autorités françaises ont pris des mesures pour tenter de remédier à cette surpopulation carcérale : interdiction des peines de prison de moins d’un mois, aménagement des peines, détention à domicile sous surveillance électronique ou développement du travail d’intérêt général par exemple. Mais celles-ci s’avèrent insuffisantes.
Le Conseil de l’Europe a notamment invité les autorités françaises à «examiner sérieusement et rapidement l’idée d’introduire un mécanisme national contraignant de régulation carcérale». Le gouvernement table toujours sur la construction de 15 000 nouvelles places de prison d’ici à 2027.