Menu
Libération
Hommage

Surveillante tuée à Nogent : Emmanuel Macron déplore une «désinhibition de la violence»

Deux jours après le drame, les cours reprennent ce jeudi 12 juin dans le collège de Haute-Marne. Tandis que le Président s’est exprimé sur le drame en conseil des ministres, l’avocat du suspect de 14 ans a signifié son désaccord avec le procureur au sujet des troubles mentaux de l’adolescent.
A Nogent, le 10 juin 2025. (Corentin Fohlen/Libération)
publié le 12 juin 2025 à 9h03
(mis à jour le 12 juin 2025 à 12h26)

L’issue de la garde à vue du collégien devrait être connue ce jeudi 12 juin, après une prolongation de vingt-quatre heures la veille, pour permettre «de nouvelles auditions», selon les indications du procureur de la République de Chaumont, Denis Devallois. Le jeune de 14 ans a été interpellé mardi 10 juin au matin, juste après avoir poignardé à mort une surveillante de 31 ans lors d’un contrôle inopiné des sacs des élèves par des gendarmes devant son établissement à Nogent en Haute-Marne.

Les cours ont également repris au collège Françoise-Dolto ce jeudi 12 juin, et une minute de silence a été observée dans tous les établissements scolaires du pays en hommage à la jeune femme tuée, à la demande de la ministre de l’Education nationale, Elisabeth Borne. Sur la grille de l’établissement, des familles, passants ou proches ont déposé des roses blanches, des bouquets, et parfois un message de soutien. Une cellule psychologique y est activée au moins jusqu’à la fin de la semaine a indiqué le rectorat. Les proches de la victime ont par ailleurs annoncé une marche blanche à Nogent vendredi 13 juin à 18 heures.

Une «intention de tuer»

L’enquête a été ouverte pour «meurtre aggravé», du fait du statut de la victime, qui était chargée d’une mission de service public, et pour «tentative de meurtre sur une personne dépositaire de l’autorité publique». Le gendarme qui a maîtrisé le collégien a également été blessé à la main par un coup de couteau. Le suspect ne présente «aucun signe évoquant un possible trouble mental» mais apparaît en «perte de repères quant à la valeur de la vie humaine», selon le procureur. Adolescent «fasciné par la violence», il a dit en garde à vue qu’il voulait tuer une surveillante, «n’importe laquelle», rapporte le magistrat.

«La question de la qualification se pose» et «sera probablement évoquée» ce jeudi à l’issue de sa garde à vue et de sa présentation à un juge d’instruction de Dijon, a indiqué le procureur lors d’une conférence de presse mercredi. En effet, le mis en cause a livré aux enquêteurs «avoir eu l’intention de tuer», a-t-il souligné. La préméditation est une circonstance aggravante, susceptible de faire évoluer le chef de «meurtre» en «assassinat». En raison de sa minorité, le suspect encourt une peine de 20 ans de réclusion criminelle au lieu d’une peine de prison à perpétuité, a-t-il encore relevé.

«Epidémies de violences»

Sur France Info ce jeudi, l’avocat du collégien Antoine Chateau déclare toutefois qu’il se «dissocie de certaines affirmations faites» par le procureur, qui a notamment assuré que le collégien ne présentait «aucun signe évoquant un possible trouble mental». Il rappelle qu’il y aura «des expertises psychologique et psychiatrique» au cours de la procédure, pour statuer sur la santé psychique de son client. L’«usage» est «de faire procéder aux expertises au plus tôt de l’enquête», explique-t-il.

Emmanuel Macron, qui a déploré en conseil des ministres une «désinhibition de la violence» avait pour sa part estimé mardi soir que l’accès des plus jeunes aux réseaux sociaux est porteur d’«épidémies de violences» qu’il faut «absolument réguler», promettant leur interdiction prochaine aux moins de 15 ans.

Devant les membres de son gouvernement, le Président «a parlé [...] d’une montée, une désinhibition de la violence dans notre pays pour laquelle il va falloir évidemment apporter des solutions», a rapporté la porte-parole du gouvernement Sophie Primas à l’issue du Conseil. « C’est un travail qui va consister à s’attaquer à [...] toutes les causes, dans leur diversité.»

Au-delà de la prohibition immédiate de la vente de couteaux aux mineurs et «l’expérimentation» de portiques de sécurité voulue par le Premier ministre, François Bayrou, le camp présidentiel et la gauche préviennent que la réponse est multiple et qu’il n’y a pas de «solution magique». La droite, elle, insiste sur «la sanction».

Mise à jour jeudi 12 juin avec les propos d’Emmanuel Macron en conseil des ministres.