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Surveillants pénitentiaires : hommage national pour les deux agents tués, la traque de Mohamed Amra continue

L’enquête avance pour retrouver le commando qui a attaqué un fourgon pénitentiaire mardi, tuant deux agents et en blessant trois autres pour faire évader Mohamed Amra. Un hommage national doit être rendu.
Des surveillants pénitentiaires rassemblés devant l'entrée de la prison de Villepinte, mercredi. (Denis Allard/Libération)
publié le 16 mai 2024 à 16h34

Alors que la traque de Mohamed Amra et des membres du commando qui l’a libéré continue, le gouvernement s’apprête à rendre hommage aux deux agents tués mardi dans l’attaque d’un convoi pénitentiaire au péage d’Incarville, dans l’Eure. Le président de la République, Emmanuel Macron, a annoncé à l’issue du Conseil des ministres de mercredi 15 mai qu’un hommage national serait rendu en mémoire des deux hommes. Contacté par Libération, l’Elysée n’a pas de précisions à apporter sur cet hommage national à ce stade.

A Incarville, un «recueillement silencieux» est également prévu ce jeudi 16 mai à 18 heures devant la mairie. Gérald Darmanin et le ministre de la Défense, Sébastien Lecornu, ont prévu de se rendre en fin d’après-midi à la brigade de gendarmerie de Louviers, voisine d’Incarville, pour s’entretenir avec les fonctionnaires «intervenus en premier sur les lieux de l’embuscade meurtrière du péage». Ils seront également présents lors de l’hommage en mémoire des deux surveillants pénitentiaires tués.

«Maintenir la pression sur le gouvernement»

Choqués par le meurtre de leurs collègues, les agents pénitentiaires ont décidé de reconduire ce jeudi le mouvement de blocage des établissements entamé la veille, pour «maintenir la pression» sur le gouvernement. A Caen, une quarantaine d’agents étaient rassemblés vers 6 h 30 devant le centre pénitentiaire, où étaient basées les victimes. A Caen-Ifs, un autre établissement à l’autre bout de la ville, près de 70 agents faisaient brûler des pneus et les visages restaient fermés, marqués par le deuil et la fatigue. Leurs représentants syndicaux ont été reçus mercredi à Paris par le ministre de la Justice Eric Dupond-Moretti, qui a pris plusieurs engagements. Mais ils voulaient un accord écrit, qui a leur été transmis jeudi matin.

«L’accueil des annonces est mitigé localement, ça ne semble pas suffisant pour l’instant et nous sommes méfiants», a estimé Loïc Boyer, responsable du syndicat FO justice à Caen. Ce «relevé de décisions» prévoit notamment de doter les agents d’armes longues, en plus des actuelles armes de poing, lors des transferts et de limiter les extractions les plus dangereuses, en ayant recours à la visioconférence ou au déplacement des magistrats en prison.

Pour Ludovic Motheron, responsable CGT pénitentiaire en Nouvelle-Aquitaine, il n’y a encore «rien de concret». «Ils nous ont promis quelques petits trucs pour essayer de faire baisser un peu la pression» mais rien d’immédiat, et au centre pénitentiaire de Mont-de-Marsan (Landes), «on a durci le mouvement» assure-t-il. «Tous les établissements sont bloqués» en Provence-Alpes-Côte-d’Azur avec juste un «service minimum» assuré, d’après Jessy Zagari, délégué régional FO. Avant d’ajouter : «Les collègues sont en train d’étudier le relevé de propositions et si c’est acté, on remballe, mais pour l’instant beaucoup d’établissements voudraient plutôt voir rajouter des points et mesures supplémentaires.»

350 policiers mobilisés pour rattraper Mohamed Amra et ses complices

Pendant ce temps, la traque continue. «350 enquêteurs» sont mobilisés sur la piste des auteurs de l’attaque sanglante et du détenu en fuite, Mohamed Amra. Et selon les dires du ministre de l’Intérieur invité de France 2 ce jeudi matin, «ils avancent très bien» dans leurs investigations. Quant à la diffusion des multiples vidéos de cette attaque spectaculaire sur les réseaux sociaux, Gérald Darmanin a fait savoir qu’il avait saisi la justice pour qu’elle enquête sur la fuite de ces images.

Selon une source proche du dossier, une perquisition a eu lieu mercredi à Evreux (Eure) dans le cadre de l’enquête, sans donner plus de précisions. La traque s’organise aussi au-delà des frontières, avec une «notice rouge» émise par Interpol à la demande des autorités françaises pour localiser l’évadé au cas où ce dernier serait parvenu à quitter le pays.

Le casier judiciaire de Mohamed Amra, 30 ans, porte 13 mentions. Il était détenu depuis janvier 2022 à la maison d’arrêt d’Evreux en exécution de plusieurs peines, notamment pour extorsion et violence avec arme. Selon une source proche du dossier, il est aussi impliqué dans des trafics de stupéfiants, soupçonné d’avoir commandité des meurtres liés à ces trafics.