De nombreux éléments laissent présager d’une nouvelle opération de déstabilisation orchestrée par la Russie. Après la découverte de huit tags de cercueils vendredi 7 juin, le parquet de Paris avait annoncé samedi 8 juin auprès de Libé que trois jeunes hommes de nationalité moldave, nés en 2001, 2004 et 2006, avaient été interpellés dans la nuit. Placés en garde à vue – prolongée samedi soir – dans le cadre d’une enquête menée par la sûreté territoriale de Paris, ils sont désormais mis en examen par un juge d’instruction – qui les a cependant laissés libres –, a fait savoir ce mardi 11 juin le même parquet de Paris.
Les trois hommes ont en conséquence été placés sous le statut de témoin assisté, et donc relâché. Le magistrat instructeur «a considéré que les faits reprochés aux mis en examen constituent des tags […] ayant causé un dommage léger, le mobile politique ne pouvant être pris en compte dans l’appréciation du dommage», a rapporté le parquet. Cette qualification «empêche le placement sous contrôle judiciaire ou détention provisoire des intéressés», qui ont «donc été laissés libres», précise-t-il.
Les graffitis, réalisés à la peinture rouge et accompagnés de l’inscription «soldat français en Ukraine», avaient aperçu la veille dans le VIIe arrondissement de la capitale. Ils ont été revendiqués par un groupe au nom inconnu comme «une réponse aux actions inadéquates des autorités françaises envers nos militants qui ont déposé des cercueils près de la tour Eiffel» précisait le parquet. «Les investigations se poursuivent. La piste de l’ingérence étrangère n’est pas écartée à ce stade», avait-il fait savoir. S’ils sont bien les auteurs de ces tags, l’enquête devra «préciser leurs motivations avec une nouvelle suspicion d’ingérence étrangère», selon une source policière citée par l’AFP.
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La Moldavie a «fermement condamné cet incident» impliquant trois ressortissants du petit pays situé entre la Roumanie et l’Ukraine. «Cela fait partie d’une stratégie hybride pour nuire à notre image internationale», a écrit sur X le ministre des Affaires étrangères moldave Mihai Popsoi. Chisinau, qui accuse régulièrement Moscou de tentatives de déstabilisation, «s’est dit prêt à coopérer avec la France pour clarifier la situation».
Ces tags font écho aux cinq cercueils retrouvés au pied de la tour Eiffel le samedi 1er juin. Avec eux se trouvaient des drapeaux tricolores ainsi qu’une autre inscription «soldats français morts en Ukraine». Dans cette affaire, trois hommes avaient été interpellés avant d’échapper à une mise en examen et placés sous le statut de témoin assisté. Un lien direct avait été établi entre l’un d’entre eux et l’apparition de mains rouges peintes sur le mémorial de la Shoah. En octobre 2023, des étoiles de David bleues marquées au pochoir à Paris et dans sa banlieue avaient aussi provoqué l’émoi.
«Appuyer sur les clivages de la société française»
Face à toutes ces affaires, les soupçons d’ingérence étrangère - russe notamment - vont croissant. «Ce qui se joue ce dimanche et dans les années à venir, c’est bel et bien notre capacité à nous défendre, nous défendre nous Français en étant plus unis avec nos partenaires européens pour faire face (aux) ingérences», a déclaré le Premier ministre lors de la séance des questions au gouvernement.
Dans ces deux cas, ce sont «des commanditaires payés pour déstabiliser et appuyer sur les clivages de la société française», avait estimé mi-mai le ministre des Affaires étrangères, Stéphane Séjourné.
Mercredi, l’Assemblée nationale a définitivement entériné un texte renforçant l’arsenal français contre les ingérences étrangères. La proposition de loi Renaissance a été adoptée par un dernier vote, avec 138 voix pour et 10 contre.
Mise à jour : mardi 11 juin, avec l’ajout de la mise en examen.