«Soudé par la haine et le rejet de l’islam». C’est en ces termes que le procureur de la République de Paris a décrit le groupuscule Action des forces opérationnelles (AFO), au moment de livrer son réquisitoire jeudi 26 juin au soir. Il a demandé jusqu’à cinq ans de prison ferme à l’encontre des seize personnes jugées depuis le 10 juin pour «association de malfaiteurs terroriste». Ils sont aussi soupçonnés de recherches d’armes, avec des implications diverses.
C’est à l’encontre de Daniel R., le plus jeune des prévenus et le seul qui comparaît détenu (dans une autre affaire) que le ministère public a été le plus sévère, requérant une peine de cinq ans de prison ferme avec mandat de dépôt. L’une des procureures rappelant son rôle d’artificier et de formateur militaire du groupe et insistant sur le risque de réitération, selon elle.
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A l’encontre de Guy S., le fondateur et chef d’état-major d’AFO, de Bernard S., le chef du réseau Ile-de-France et de Philippe C., alias Achille, le ministère public a requis cinq ans de prison dont trois avec sursis probatoire, avec la partie ferme aménagée en détention à domicile sous surveillance électronique pour les deux premiers.
Philippe C. a lui déjà purgé en détention provisoire la totalité de la partie ferme de la peine requise à son encontre. Les procureurs ont également sollicité contre eux une interdiction du port d’armes pendant 15 ans, l’interdiction d’entrer en contact avec les co-auteurs et l’inscription au Fichier des auteurs d’infractions terroristes (Fijait). Des relaxes ont également été requises, le parquet estimant les éléments trop faibles concernant deux prévenus.
Nourriture halal, mosquées et imams ciblés
Le groupe avait évoqué à plusieurs reprises des projets comme l’«opération halal» visant à empoisonner de la nourriture dans des supermarchés ou l’«opération mosquée» qui prévoyait de faire exploser la porte de lieux de culte. Enfin, le groupe avait aussi imaginé éliminer des imams radicalisés. Pendant les interrogatoires devant le tribunal, la plupart s’étaient défendus d’avoir voulu passer à l’acte, évoquant des paroles en l’air ou des fantasmes.
«Comment ose-t-on nous affirmer que rejoindre AFO c’était rejoindre un groupe de voisins vigilants ?» , a ironisé l’une des procureures, rappelant que, dans ce dossier, «la peur se transforme en la haine d’un adversaire commun : l’islam». Le procès se poursuit ce vendredi avec les plaidoiries de la défense.